Hors La Loi était avant-même sa sortie un film polémique puisqu'on savait que Rachid Bouchareb y racontait le massacre de Sétif d'un point de vue subjectif, histoire de justifier le sentiment anti-colonial des protagonistes du film. Le CSA a même demandé à France Télévision d'ouvrir le débat à la sortie du film en salles le 22 septembre prochain.
Petit rappel historique : le 8 mai 1945, la France fête la Libération. En Algérie, les manifestations deviennent patriotiques. A Setif, ville faisant alors partie d'une « province française », des pancartes anti colons apparaissent. Tout dérape quand la police française ouvre le feu sur un jeune Algérien pour une histoire de drapeau qu'il ne voulait pas rendre. Les manifestants s'enflamment, s'en prennent aux Européens, et seront très brutalement réprimés. Des milliers de militaires seront alors envoyés, suite à la déclaration de l'état de siège. Les villages sont bombardés et les côtes du pays pillonés par la marine. On déplorera entre 8000 et 45000 morts selon les sources.
Mais revenons en au film.
Rachid Bouchareb a essayé de faire un film de gangster français mélangé l'Histoire. Le seul constat qu'on peut faire c'est que ça ne fonctionne pas. A part quelques éléments, tout est à jeter. Le film, soit-disant dénonciateur, commence presque là où Indigènes fini, et après quelques problèmes avec le chef du village, un mère et son fils se retrouvent dans les bidonvilles de Nanterre.
On commence alors deux destins différents. La première et plus intéressante partie va s'intéresser à Saïd, joué par Jamel Debbouze qui fait sa vie en tant que gangster, entre prostitution et trafics en tous genres. On observe alors son évolution sur plusieurs mois, surtout marquée par les changements vestimentaires. Entre temps, les deux autres fils prodigues rejoignent leur mère on ne sait comment (oui, visiblement la terre entière doit savoir qu'elle est dans CE bidonville à Nanterre). On apprend lors d'une conversation que la mère a plus ou moins renié Saïd. Cette histoire est donc sensé être un des fils conducteur. Pas de bol, il disparaît presque du film. Dommage, c'était la seule chose vaguement intéressante. On se concentre alors sur le destin des deux autres frères.
Le premier, Abdelkader, sera le personnage principal. L'autre, Messaoud, n'est qu'un pion. Ils décident de rejoindre et d'acter pour le FLN. On n'aura aucune explication sur ce parti ni de la place qu'ils occupent en son sein. Rien n'est expliqué, rien n'est montré. Abdelkader et son frère agissent pour le FLN et décident de tuer les gens. Eux, c'est les gentils. Ils se font aider par quelques français. Mais attention, le reste des français sont touuuuuuus des grands méchants, surtout la police et le gouvernement, tous des pourris. Plus subjectif tu meurs.
Après de nombreux attentats, le colonel Faivre (Bernard Blancan) décide de mener l'enquête. Et c'est là qu'a lieu probablement le plus gros ratage du film. Rachid Bouchareb essaye de faire son Michael Mann mais il est très loin d'être Michael Mann. On assiste alors à un final de fusillade faisant passer Public Ennemies comme le film de la décennie.
Le principal défaut de Hors la loi donc, c'est son scénario. Les ellipses temporels, nombreuses, sont immondes, et surtout, rien, absolument rien, n'est explicite. On ne connait donc jamais les enjeux, ni les raisons, ni les revendications des personnages principaux ou des partis politiques et sans une bonne connaissance du sujet, on est complétement perdus.
Une bonne partie du scénario est bâclée, ce qui fait donc qu'on ne s'attache pas une seule seconde et que notre intérêt est proche de zéro. On voit alors très péniblement passer les 2h20.
Reste que le personnage de Jamel est le plus intéressant mais le moins présent, et on est particulièrement bluffé par sa prestation, enterrant toutes ses précédents.
Le message, lui, est complètement raté, le film aussi.