Si il y a bien une chose qu'Hollywood ne se lassera probablement jamais de faire, c'est des films qui célèbrent l'héroïsme des soldats américains. Dans ce contexte, le dernier né 12 Strong vient raconter une histoire peu connue, celle de la première offensive américain suite à l'attentat du 11 septembre. Une histoire qui a donc le mérite de se montrer au moins "inédite" même si l'issue se montre quand même relativement attendu. Confié à Nicolai Fuglsig, ancien photographe de guerre qui s'est reconvertie dans la pub avant de réaliser ici son premier film, qui s'entoure pour l'occasion d'un casting assez prestigieux.
De prime abord on aurait pu s'attendre à un film visuellement plus prestigieux venant de la part d'un photographe professionnel qui plus est a approché la guerre de près. Et même si 12 Strong se pare d'une certaine efficacité sur ce point, il reste assez limité cinématographiquement. La réalisation technique est impeccable en ce qui concerne le traitement de l'image. La photographie est belle, les cadrages sont propres (peut-être un peu trop) et les scènes d'actions se révèlent musclées comme il faut et bien emballées. Mais jamais Nicolai Fuglsig va essayer d'apporter autre chose qu'une efficacité de surface à sa mise en scène. Il ne prend jamais de risques et reste sur un classicisme qui a fait ses preuves mais est un peu ronflant, même lorsqu'il essaye de donner à son film de guerre des airs de western dans une embardée finale maîtrisée qui offre un solide climax sans être jamais transcendant. La faute aussi à un montage aléatoire qui se révèle être bien trop cut sur certains passages, amoindrissant la lisibilité des affrontements.
Ce traitement de surface va d'ailleurs s'appliquer un peu à l'ensemble du film. Le script pour commencer s'avère assez léger. On va nous raconter l'histoire de ses douze soldats américains qui ont combattu avec les forces afghanes contre les talibans mais sans jamais vraiment creuser les personnages. Seuls trois d'entre eux auront vaguement le droit à un background familial tandis que le capitaine est plus développé car encore inexpérimenté aux combats et qui va devoir s'y confronter. Mais tout ça reste finalement assez succinct et le récit va droit au but sans vraiment prendre le temps de nous attacher à ses personnages. En résulte un manque de tension et d'enjeux flagrants. Le film trouvera un peu d'intérêt lorsqu'il développe les relations entre les américains et les afghans, s'autorisant même quelques pointes d'humour efficaces, mais là encore il n'approfondi jamais le sujet et manque clairement une opportunité d'avoir un propos plus intelligent. Surtout qu'il tombe souvent dans une mise en forme caricaturale du conflit. Dans tout ça les acteurs n'ont pas beaucoup de places et sont vite sous-exploités comme Michael Shannon, Michael Peña et Trevante Rhodes qui n'ont rien à jouer et fond presque de la figuration. Chris Hemsworth se révèle solide dans le rôle de leader et s'investi dans son personnage sans pour autant trop en faire mais celui qui tire son épingle du jeu est Navid Negahban dans une performance nuancée qui brise le manichéisme ambiant.
12 Strong est un film de guerre correct qui essaye de souffler maladroitement un peu d'originalité avec ses élans de western. Néanmoins l'expérience n'est jamais transcendante et reste très superficielle. On suit le film sans jamais y être vraiment impliqué, juste divertit par des scènes d'actions efficaces même si parfois pas toujours lisibles. Que ce soit la réalisation, l'écriture ou même le casting, tout donne une impression de pilotage automatique qui fait le strict minimum. Il y a de bonnes choses à l'oeuvre mais souvent étouffées par un manque flagrant d'ambition. 12 Strong est de ses films qu'on regarde sans le trouver déplaisant et qu'on oublie une fois le générique lancé.