Retour à la terre
Histoire d'un aller simple, Hostiles s'impose comme une ode au genre western qu'il investit, qu'il anime, qu'il magnifie. Scott Cooper a tout d'un grand et continue de questionner, tout au long de sa...
le 14 mars 2018
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Les western du XXIe siècle sont assez rares, on est loin de l’âge d’or où on avait de grandes stars de Western. Nous sommes aussi loin des western qui étaient seulement des films où on se tirait dessus, au-delà de la simple action, maintenant, on ne peut renouveler le genre, où refaire pareil, alors le western devient une sorte de décors où on se sert de celui-ci pour intégrer des histoires où l’on sort du genre, où l’on se distingue par divers styles, où on place des messages… Scott Cooper pose ici un nouveau western, film qu’on retrouve peu chaque année. L’an dernier nous avons eu droit à Brimstone, un western thriller extrêmement violent, sombre et génial, alors, avons nous le nouveau Brimstone avec Hostiles ? Hostiles est-il dans la lignée des western contemporains ou est-il un western comme avant ? Le film, impose-t-il son genre, son style ? La réponse se trouve dans le fait que ce film est l’un des meilleurs de l’année, tout simplement.
Hostiles est un film fort et surtout humaniste. On a une vision de la violence sans manichéisme, le film veut montrer la limite étroite entre le bien et le mal, le juste et le non-juste, le punissable et dans quel contexte, quoi de mieux que la fin du XIXe siècle, bref ce film fait bien passer son message. Le scénario s’appuie sur l’ambiance, l’univers et le message. Ce film m’a donné envie de revoir les fils de l’homme car il y a quelques similarités par moments, avec l’idée d’une route où le convoi va se faire attaquer de toute part car il est, dans cet univers, pas conforme à ce de dernier. En effet, on a une sorte d’épopée qui fait ressentir le même genre de chose que pour les fils de l’homme. Le scénario pousse cette équipe qui a perdu beaucoup, où il y a une forte haine, à l’amener à s’unir face au monde extérieur, pour le combattre, extérieur qui est au final le reflet d’eux même, ceux qu’ils étaient avant, d’où la puissance de ce film, l’idée qu’ils combattent leur personnages d’avant, l’idée de faire face à leur haine. Les dialogues sont percutants, ils en imposent, ils sont lourds de par leurs profondeurs. Les dialogues du personnage de Christian Bale sont quant à eux, rares, mais impactant, donnant beaucoup de sens et marque en plus cet univers où la violence semble omniprésente.
En parlant de Christian Bale, on sait que c’est un grand acteur et on le voit ici. Il impose une présence qui transcende l’écran, son personnage torturé par sa violence est marquant, il y a un immense jeu de regard lors de longues scènes calme ou des scènes de dialogues où il transmet toute la douleur et la profondeur de la situation transcrite dans le dialogue. C’est quelque chose d’incroyable, sa performance est incroyable, son rôle est juste époustouflant du début à la fin. Dans le reste du casting, on retrouve Timothée Chalamet, qui probablement dans tous les films du mois de mars, c’est assez hallucinant, sinon le reste du casting est excellent. Rosamund Pike est très bonne même si son personnage meurtri, au début, peut paraître en faire trop par moment, cette idée peut venir d’un aspect plus visuel de cette souffrance (volonté de vengeance montrée par des gestes…), plutôt que les jeux de regard ou long silences pesant, cela vient donc d’un petit détail dans l’écriture, détail qui peut entraver un peu l’ambiance pour certain, mais cela ne dure qu’au début et c’est du chipotage car derrière, les scènes reste très forte et cohérentes envers ses personnages, très bien interprété par leurs acteurs.
Dans ce film, on a une réalisation grandiose, on joue sur une ambiance pesante, lourde et emprunte de violence renforcé par les dialogues qui parle d’actes violents ou les scènes d’actions. Tout cela renforce l’univers où la violence est omniprésente et presque la justifie tel un cercle vicieux, et par cela, on y rentre et on s’y perd. On s’y perd dans le sens où on plonge dans le film, on plonge dans un état contemplatif face à une succession de paysage tous plus beau les uns que les autres, des paysages qui impose un calme, une béatitude ambiante alors que l’on sait que dans cela baigne une violence sans précédent. L’ambiance est égale aux personnages, des moments calmes dans un monde de violence, un passé violent. Le film montre que personne n’est innocent, qu’il n’y a pas de limite, pas de frontière, le film se veut fortement humaniste sur ce sujet car les quelques scènes de cohésion du groupe, de « détente » font échos d’une beauté quotidienne, d’une idée de vivre ensemble forte et prenante qui marque le spectateur tant tout cela est bien incrusté dans cette violence, tant ces derniers en ont été des acteurs de la violence.
Les scènes d’action sont très forte, on est pas dans la simplicité ou la démesure, on est dans une certaine réalité, un tir de tue pas direct, un tir fait des dégâts et le film montre cela, montre la violence des combats, et surtout sa brutalité, les dégâts que provoque ces tirs, ces guerres, dégâts autant physiques que psychologiques. En effet, la guerre est traitée de part un point de vue quasi psychologique nous montrant des hommes qui ne sont pas des machines à tuer (pas des rambos qui tuent sans rien ressentir, c’est cette idée de machine à tuer), nous montrant des hommes qui ressentent des choses, ou presque ne ressentant plus rien, tel un vide dans leur coeur, dans leur regard, comme celui du personnage de Christian Bale, comme le calme de cette ambiance, témoignant d’une mort constante et pesante sur notre groupe. En effet, notre groupe est vraiment emprunt au danger, à la mort. Dans cet univers dépeint comme violent, on a une immense tension tout le long du film pour notre groupe, pour leur avenir. Cela est d’autant plus renforcé de part la cruelle réalité qui leur tombe dessus, celle d’un contexte violent (je le répète, mais il faut vraiment insister sur cet aspect, car on la sent partout cette violence même si on ne la voit pas énormément de fois, et cela est très fort, car le film joue brillamment dessus pour imposer un message humaniste à travers une force émotionnelle qui nous traverse et qui existe de part ce contexte, de part ce groupe dans ce contexte et de part ce qui leurs relations et ce qui leur arrive).(je le répète, mais il faut vraiment insister sur cet aspect, car on la sent partout cette violence même si on ne la voit pas énormément de fois, et cela est très fort, car le film joue brillamment dessus pour imposer un message humaniste à travers une force émotionnelle qui nous traverse et qui existe de part ce contexte, de part ce groupe dans ce contexte et de part ce qui leurs relations et ce qui leur arrive) Mais quand la mort intervient elle peut être brutale, pas obligatoirement brutale dans le sens que c’est violent avec plein de sang, mais brutal niveau psychologique (la scène chez les trappeurs est le parfait exemple, une annonce de mort qui arrive comme naturelle et dans ce contexte cette scène est brutale, cela est donc très dur, violent).
Il faut aussi noter les plans, qui sont juste parfait, des plans magnifiques, mais certains sont fait avec perfection. Il y a des plans marquants, des scènes magistrales, comme par exemple une scène de dialogue sous la pluie avec l’ami de notre personnage principal (Christian Bale) qui est d’une intensité tellement forte qu’on en pleure. On peut citer aussi une scène, qui est presque l’une des avants dernières scènes du film, là où tout va vite et frappe fort, ce qu’on pourrait reprocher, une rupture du rythme, une brutalité dans la fin où on expédie tout, même avec une certaine qualité, cela peut paraître trop, mais ce plan à la fin de cette scène justifie tout cela, et amène toute cette fusillade vers une apogée d’une qualité immense et d’une force visuelle autant qu’émotionnelle remarquable. C’est à cela que l’on reconnaît la réussite du film, le fait que dans tout ce dernier il y a des scènes qui paraissent de même qualité que le reste du film mais qui se démarque chez certains spectateurs, car toute la construction (univers, ambiance…) impacte ce dernier, lui donne d’autres clés de visionnage, lui fait ressentir les scènes, en somme créer une force indomptable qui prend le spectateur jusqu’au bout et lui fait donc vraiment parvenir le message humaniste du film. Il faut aussi rajouter un autre point fort, sans qui il n’y aurait pas eu une telle beauté visuelle, une telle ambiance, et une telle atmosphère, univers : la musique. La musique est parfaite, des morceaux qui nous rappelle que c’est un western avec en prime des morceaux aux violons qui marque le temps du film, celui de l’avancé calme à travers des paysages somptueux. La musique fait avancer le film, il complète les scènes et les fait monter, fait monter l’émotion ainsi que l’importance et la profondeur des dialogues. En effet, dans les dialogues, les musiques arrivent à des moments fort et font monter ces moments, donnant à ces derniers cette force unique, ce côté percutant. Durant tout le film la musique est importante, la musique est magnifique et sert les scènes, sert à construire tout ce qui fait ce film, tout ce qui le rend magistral, à la limite de la perfection.
Conclusion : Hostiles est époustouflant, grandiose et magistral. Un film à la fois cruel, violent e humaniste doté d’une force et d’une intensité émotionnelle remarquable. Un immense coup de cœur.
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Créée
le 20 mars 2020
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