House
7.1
House

Film de Nobuhiko Ôbayashi (1977)

Ah ça c’est sûr, ça plaira pas à tout le monde.

Train fantôme filmique, objet barje, bariolé, au-delà du baroque, bancal dans ce que cela implique de plus attachant, tour à tour bon enfant et malsain, sorte de kwaidan pop-art ; House c’est juste le test à faire passer pour savoir si quelqu’un est près à embrasser l’exotisme nippon, tant pour ses qualités que ses défauts.

C’est juste ridicule, juste coupable, juste déluré. C’est juste fait de ce mélange de carton pâte à l’inquiétante étrangeté qui m’aurait angoissé, enfant.

C’est juste plein de ficelles, de trucages rigolos, de matte paintings à gogo, de décors de studio éclairés avec outrance qui soulèvent la bizarrerie dérangeante, comme cachée sous un drap d’apparat.

Premier quart d’heure : un générique sonnant comme celui d’une sitcom américaine des seventies. Mais qu’est ce que c’est que ce foutoir à base de zooms et d’incrusts monté sous crack ? Un vieil épisode de Spielvan sauce shojo ?

Que nenni, tu verras c’est encore plus…tordu.

Je croyais être à l’abri de mes surprises quand le deuxième quart d’heure se pointe avec sa brit pop et sa mise en scène de scopitone, fonds peints et pattes d’eph’ de rigueur. C’est génial, je suis pris au dépourvu, j’ai l’impression de monter à bord du Magical Mystery Bus, bordel !

C’est toujours bon ce genre de petites surprises.

En même temps, Obayashi vient du clip. Normal ce côté bob la bricole tout le long du film. Et intéressant. Toujours intéressants ces essais visuels à venir, bons ou mauvais, saluons l’audace.

Le cœur du film c’est du bonheur en barre ; et même si la barre est un peu longue, elle reste à hauteur satisfaisante.

Les bidouilles et les pépites de charmes s’enchainent à vitesse constante et intensité croissante. Toujours servi par une B.O délicieusement désuète et datée (ah cette chanson peu avant la conclusion, typiquement 70’s ! http://youtu.be/O4dHBXEmtWE), House jette dans sa marmitte tout un tas d’ingrédients jusqu’à satiété : du délire en morceaux, de la folie en grains, de l’espièglerie par pincées, de l’énergie à la louche, de la tambouille visuelle montée au fouet, un mélange de techniques épicées (incrustations, dessins animés, matte painting, studio, ficelles, membres de mannequins…).

Ça pourrait tourner au risible si quelques fulgurances d’effroi ne venaient pas s’inviter à table. Ça passe par une idée, un éclairage, une image évocatrice, et finalement une morale plutôt pessimiste.

C’est parce qu’il est ancré dans son époque et abordé avec une créativité sans borne que le film dépasse son genre et ses effets cheap. Fou, décalé, tordu, ridicule, indigeste. Mais surtout culte !

Ah ça, c’est sûr. Ça plaira pas à tout le monde !
real_folk_blues

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