Dream your life and live your dream.
Jean-Claude Schlim, motivé par l’envie de faire une dédicace aux personnes victimes du HIV, vivantes ou mortes, s’est attelé à la réalisation et l’écriture de ce House of Boys, distribué par Outplay, spécialiste du cinéma gay.
Située en plein milieu des années 80, la bobine nous fait suivre Frank, jeune gay qui fuit sa famille et en trouve une nouvelle à Amsterdam, où un club lui permettra de vivre sa vie comme il le souhaite. Un début prometteur, avec une chorégraphie de comédie musicale, une apparition d’oiseaux en cartoons qui sifflotent devant une fenêtre, puis tout un tas de personnages étonnants campés par des acteurs tous talentueux (Udo Kier menant sa revue en travesti est quelque chose à voir), mais si la romance globale fait mouche, la deuxième partie convainc tout de suite beaucoup moins. Frank s’est trouvé un petit ami, Jake, et celui-ci se met à présenter les symptômes du HIV, dont les cas étaient encore anecdotiques, maladie surnommée « cancer gay ». Tout allait jusqu’ici très bien, mais très vite nous avons l’impression de revivre l’ensemble des scènes de Philadelphia, que ce soient les moments humiliants et sordides de la maladie, les marques de Kaposi, les traitements inefficaces et autres moments de réunions avec tous les proches au chevet, dégoulinants de larmes.
La voix-off nous annonçait pourtant un conte de fée mais malheureusement Schlim n’arrive pas à remanier la formule afin d’éviter de sombrer dans le mélodramatique. Cette partie aurait été réduite, ce dérapage aurait été bien moindre, mais elle se montre bien trop longue et paresseuse, et finalement on en sort avec une impression de malaise et de dégoût (la surexposition du visage rongé par le Kaposi est exagérément facile), ayant presque oublié ce que se voulait être la bobine, une romance au départ impossible entre un gay et un hétéro et qui finalement devient un grand amour.
On comprend que Schlim ait voulu mettre en avant les côtés douloureux de la maladie (pour les victimes comme pour les proches) afin de soutenir son hommage, mais il use de ficelles un peu trop racoleuse pour franchement achever son entreprise, même si de grandes gueules comme Stephen Fry viennent aider à faire un peu mieux digérer la farce (en plus d’une bande originale que ne pourront qu’aimer les fans des années 80).
House of Boys n’est ni un bon film ni un mauvais. Il se montre intéressant au travers de ses personnages et situations, mais l’arrivée du HIV vient ronger une originalité sacrifiée sur l’autel de la provocation. A voir pour les performances et/ou si l’on est amateur de cinéma gay.