"House of Flesh Mannequins" est le premier film du réalisateur/producteur italien ultra-extrême Domiziano Christopharo, déjà responsable d'un segment de l'horrible Deep Web XXX, présenté l'année dernière au Sadique Master 2018.
Dès les premières secondes du film, présenté dans une version intégrale exclusive, son style extrêmement télévisuel m’interpelle et me fait lever un premier sourcil. Le second suivra peu après face à une interprétation calamiteuse (probablement due au fait que le casting, majoritairement italien, joue en anglais). Pendant les trois quarts du métrage, l’impression de voir un sitcom qui se veut film d’auteur ne me quitte pas.
Petit à petit, je décèle ici et là des idées intéressantes ou des ébauches pertinentes, mais elles sont toujours occultées par une mise en scène nanardesque (je pense notamment à une scène où, pour montrer le traumatisme du personnage principal, violé par son père, les flash-backs sont intercalés avec des plans surréalistes du protagoniste touillant une tasse vide). La grande majorité du film se déroule ainsi, les expérimentations poétiques noyées sous une réalisation affreuse et des dialogues consternants. On notera également un mixage sonore approximatif où la musique (sympathique au demeurant) ne s’arrête jamais et couvre trop souvent les dialogues.
Malheureusement, en milieu de séance, le processeur son de la salle brûle et occasionne une pause d’une vingtaine de minutes. Puis le film reprend et continue sur sa lancée. De rares fulgurances viennent percer la monotonie du film, mais elles sont si rares et impromptues qu’on croirait des heureux hasards. Beaucoup d’ambition mais peu d’inspiration : comme si le réalisateur avait voulu y caser toutes les idées qui cheminaient dans sa tête mais sans aucun sens ni cohérence. À tel point que certains dialogues finissent par ressembler à « Vice et versa » des Inconnus.
Mais alors que tout semblait perdu, une fin viscérale et apportant enfin du propos au film vient illuminer les 20 dernières minutes. Alors ne vous y trompez pas, le film ne devient pas un chef d’œuvre, mais le nouvel éclairage qui lui est donné est bien plus flatteur et permet de mieux comprendre la démarche de l’artiste. La séquence de 10 minutes de tortures insoutenables devient même pertinente. « House of Flesh Mannequins » s’impose alors comme une œuvre très maladroite et peu aboutie mais pas inintéressante.