Il était une fois en Amérique
Autant commencer par ce qui fait mal : Cary Grant dans ce film, c'est à peu près la pire idée de casting de tous les temps. On sait que ce n'est pas le meilleur acteur de composition qui soit, mais là, le rôle de bouseux au sang chaud, c'est juste pas pour lui. Il roule des yeux et se tient mal dans sa tenue en peau avec nuque longue pour ne jamais réussir à nous faire croire à son personnage. Il y a comme une incompatibilité physique.
Le film retrace les débuts de la guerre d'indépendance américaine, sur une cinquantaine d'années, à travers le personnage de Matthew Howard.
Les États-Unis en train de naître sont incarnés par un couple que tout oppose : Mat Howard rencontre Jane Peyton alors qu'il vient travailler pour son frère. C'est le coup de foudre. Seulement, Howard a été introduit à la famille sur une imposture par son ami d'enfance Thomas Jefferson. Howard est un fils de fermier, un rustre idéaliste, qui supporte déjà mal l'autorité du roi d'Angleterre. Jane est une fille de riche planteur fidèle à la Couronne qui passe ses soirées au bal du gouverneur. Elle accepte de l'épouser malgré l'opposition de son frère aîné. Ils partent ensemble s'installer à Albermale où ils créent en quelques années une plantation à partir de rien. Ils y vivent les querelles du couple moderne : "non, tes amis trappeurs qui puent ne dormiront pas à la maison", "non, tu ne peux pas aller aider le voisin toi-même, envoie lui donc un esclave", et "mets tes pantoufles dans la maison s'il te plaît, tu es tout crotté". Bref, Jane fait beaucoup d'efforts pour s'adapter. Son mot d'ordre reste tout de même "order and dignity". Elle est jouée par une Martha Scott plutôt mignonne mais assez monocorde.
Et puis, à force de jouer au notable, Howard est élu à la chambre des bourgeois. Retour à Williamsburg pour toute la famille. Nouveau principe de la vie de couple bafoué : ne jamais parler politique avec la belle-famille. A la chambre, Howard s'oppose à son beau-frère. La colère monte dans la colonie, face aux taxes imposées par l'Angleterre. Le film quitte un peu les personnages pour nous faire suivre l'histoire. Boston tea Party. Howard veut partir au Nord, Jane refuse de l'accompagner. Rupture. Quelques années plus tard, ses fils le rejoignent dans la guerre d'indépendance. Faits de leurs paradoxes, les États-Unis d'Amerique sont en train de naître, et Howard et Jane sont un peu leurs parents. Le plus sympa dans ce trouple, c'est Jefferson. Toujours à l'écoute de l'un et de l'autre, calme et éclairé mais résolu dans sa lutte.
Le film est une curiosité plus qu'une réussite, une occasion dispensable mais pas désagréable de réviser un peu d'histoire.