Il s'agit ici du second film que je vois de Rosenblatt après the smell of burning ants et c'était vraiment bien. On suit ici le portrait de cinq dictateurs du XXe siècle (et j'ai un petit regret de ne pas avoir vu Pol Pot) dans leur intimité.
Le procédé est réellement trompeur, on a des images d'archives, le film s'ouvre sur Hitler et une voix commence à parler en allemand, alors on se doute bien que ce n'est pas la voix d'Hitler, elle n'a pas la même intonation et surtout ça serait surprenant qu'il dise ce qu'il dit dans le film, puis une traduction anglaise se rajoute par dessus, comme dans un documentaire télé. L'illusion est totale. On a donc réellement l'impression qu'Hitler, Mussolini, Staline, Franco et Mao sont en train de se confesser au spectateur sur leur testicule unique, leurs flatulences, leur goût pour les femmes, leurs petits vices, etc.
Surtout que si on regarde le générique on voit que tout est sourcé, pour faire son film Rosenblatt a réellement fait des recherches et ne dit que des choses vraies (enfin je suppose) sur ces dictateurs. Et le meilleur reste Mao, le mec ne se brosse pas les dents car un tigre ne se brosse pas les dents... il ne se lave pas, car son sexe est lavé dans ses femmes... Un bon gars... je ne le savais pas. Je m'en veux de l'avoir sous estimé.
Donc forcément on rentre dans leur intimité, dans ce qui reste de leur humanité et c'est parfois un peu gênant, je veux dire, on parle de gens qui ont ordonné la mort de millions de personnes, surtout Staline, Hitler et Mao et ils sont là, à parler de leur vie sexuelle comme si de rien n'était. Et j'ai apprécié ça, parce qu'on est réellement dans cette subversion là, on ne parle en rien de leur politique, juste de leur vie.
Ce n'est pas une apologie de leurs actions, mais ça reste politique de dire que ces hommes là restent des Hommes, sans toutefois être dupe ou avoir l'air de cautionner. D'ailleurs c'est assez marrant, puisque Franco semble faire tâche parmi les quatre autres et il le sait lui-même, il le dit, il est dans le film juste pour que les espagnols ne se sentent pas lésés de l'absence de leur dictateur à eux.
Le portrait le plus documenté reste celui d'Hitler, vraiment déstabilisant par moment, car mine de rien, les tragédies qu'il a pu vivre sa vie, comme le suicide de sa nièce qui l'a conduit ensuite à ne plus manger de viande car pour lui c'était comme manger un cadavre, arrivent réellement à avoir un impact. Parce que la voix qui raconte l'histoire est assez monocorde, presque triste et on sent que ça a pu le toucher quand bien même il a pu faire des atrocités à côté.
Bref, c'est un document qui va explorer l'intime, entre les dictateurs ascètes et les bons vivants, les petites joies et les chagrins de ces hommes qui ont fait le siècle passé. Et c'est d'autant plus important que ces informations là, sauf quelques unes sur Hitler ou Mussolini, je ne les connaissais pas et tout à coup ces figures tyranniques sont frappées par l'humanité et par un degré de compréhension de qui ils étaient supplémentaire.