Alors bon il y a quelques incohérences, une bonne vingtaine de facilités de scénario durant les Hungers Games (un peu le même jeu que celui de Battle Royale), une bêtise assez constante, un final bâclé, aucune personnalité derrière le film mais tout n'est pas raté en terme de technique et de divertissement, il faut admettre qu'il y a un peu de mise en scène par moments, une actrice qui fait le job et au final deux trois scènes réussies. On pourrait presque trouver le film plaisant si l'on n'est pas très regardant, ou même ne pas s'ennuyer.

Mais il y a d'après moi un gros problème dans ce film, autre que celui d'être très très moyen, c'est celui d'être incroyablement con dans son approche du sujet. A noter que je n'ai pas lu le livre, je ne sais pas si le problème vient de l'adaptation, de toute façon pas d'excuses, quand on est con on assume.
Le sujet est double, d'une part c'est une contre-utopie sur le modèle du Meilleur des mondes et d'autre part c'est un film sur le spectacle et sur la violence, mais surtout sur la violence. Ben oui parce que c'est du Battle Royale quand même (moi je trouve ça violent de demander à des enfants de s'entretuer en leur disant qu'il y en a qu'un qui peut survivre) Et c'est complétement fou comme le film ne réfléchie pas une seule seconde à ses deux sujets centraux, encore pire il évacue complétement le second.
L'univers contre-utopique est seulement un énorme cliché qui ne tient pas debout et qui est exposé dans une scène monstrueuse de lourdeur : la confrontation entre les gens du District 12, ils sont oppressés et pauvres alors ils sont gentils, gris et habillés comme dans les années 40 et l'envoyée du Capitole, c'est l'oppresseur et elle est riche alors elle est méchante, maniérée et ridicule dans ses habits roses d'un mauvais goût insupportable. Ça agresse carrément les yeux du spectateur quand on en voit plein des comme elles en même temps, parce qu'il ressemblent tous à des bouffons bariolés et efféminés, sauf les gentils (Woody Harrelson et Lenny Kravitz) et le très très méchant président (Donald Sutherland, j'ai honte). Et bien sûr on a le droit à aucune réflexion là dessus, à part une histoire de vieille guerre civile bien idiote racontée par la voix de Chuck Norris.

Pour ce qui est de la violence, et donc des Hunger Games en eux-mêmes, mais ça vaut aussi pour la violence de cet état totalitaire, elle est presque totalement ignorée par le film, il n'y a pas de tension, d'angoisse, de désespoir, de folie, de traumatisme, rien. On pleure un peu en quittant sa famille, on a pas envie de mourir parce que c'est pas glop et sur place le groupe des forts (si c'est des tueurs entrainés, pourquoi ils sont en groupe, hein ?) sont seulement des membres de l'équipe de football du lycée qui tuent les faibles au lieu de les pousser contre des casiers. Aucune cruauté nulle part et les facilités de scénario et les deus ex machina font le reste pour que deux faibles ne soient jamais confrontés l'un à l'autre et que machine gagne à la fin. La nature, ou les interventions des maîtres du jeu sont des menaces aussi artificielles que les autres joueurs et ne provoque ni sentiment d'injustice ni détresse. Tout ce qui s'apparente à la violence dans ce sujet pourtant extrême n'est qu'un ramassis de clichés et de sentiments mineurs et je trouve ça vraiment vraiment gênant, au niveau moral disons.
En même temps quand je dit que la violence est totalement évacuée du film c'est faux. Il y a une scène, au tout début des jeux, une grosse boucherie à vrai dire, qui la centralise toute entière et l'expie en même temps. Je suis assez embêté parce qu'il faut dire qu'elle n'est pas bête du tout, c'est une façon assez intelligente de montrer la violence, dans la panique et le choc, mais qui permet en même temps au film de ne pas trop montrer de violence graphique. Au final elle se présente comme un mauvais moment à passer mais qui permet de traiter le reste comme un teen movie où le héros est brimé, cherche à se libérer à travers un sport, mettons le baseball, mais doit affronter les beaux gosses cools du lycée qui ont la côte. Trop dure la vie.

Au final Hunger Games est carrément détestable en plus d'être énervant, parce qu'il se construit entièrement sur des thématiques aux enjeux moraux assez gros et se permet de les traiter en collant des clichés euphémistiques dessus ou même de les ignorer une bonne partie du film. Tout ça pour un film formaté et lisse qui vise un public ado.
Garcia
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le 24 mars 2012

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Garcia

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