Dystopie bas du front et violence invisible, la paresse d'Hunger Games
J'y voyais un phénomène : pancartes un peu partout lors de la sortie, couverture médiatique assez hype du jour au lendemain, et tout une mise en avant des livres dont personnellement je n'avais jamais entendu parler mais qu'on a fait passer lors de la période de promo comme le "Harry Potter/Twilight du vrai, du rebelle, du fougueux adolescent(e)".
Qu'en est-il de ce film, qui brasse donc derrière lui pas mal d'attentes et d'interrogations ? Et bien il faut se rendre à l'évidence, Hunger Games est une petite catastrophe ambulante. Dommage, car l'idée de départ n'est pas si horrible que ça : en gros, et le site le résume sans doute mieux que moi, on a le droit à un futur bien dégueulasse où une espèce de rébellion (dont on ne saura rien tout au long du film mais qui semble avoir vachement marqué cet univers) a capotée. Le résultat, une sorte de loterie morbide chaque année où des adolescents de chaque district ex-rebelle, 1 garçon et 1 fille, sont choisis pour concourir dans une lutte à mort, dont il ne reste qu'un vainqueur.
Du Battle Royale tartiné de 1984, quelque chose comme ça en sorte. Une idée qui personnellement m'a plu, mais au final, le film n'en fait rien et nous livre un "divertissement" insipide, avec un scénario qui appelle au spectacle violent mais où l'on se demande après visionnage si l'on a effectivement vu une seule goutte de sang... Bien entendu, vu le caractère très humain de la jeune fille, il ne faut pas s'attendre à y voir le penchant féminin de Rambo, mais il est assez dérangeant de ne voir justement aucune violence. Cette cécité (qui vient du bouquin ou simplement du réalisateur, je ne sais pas) nuit à mon sens gravement au scénario, en décrédibilisant la véritable violence de ces jeux morbides, dont on aura rien vu.
A côté de cela, ajoutons une pléiade de personnages plutôt insipide, à commencer par le personnage principal qui navigue entre femme forte/chasseuse/mère de substitution et jeune fille naïve et tombant avec facilité dans le cliché du triangle amoureux. Je passerais sur les deux amants, clichés ambulants, pour simplement parler de celui qu'on attend tout au long du film comme le grand méchant. Attention, ça va spoiler : en gros, l'un des candidats, un blond très "Malefoy" si vous voyez ce que je veux dire, est au début le favori pour ces jeux. Moults regards croisés, petites phrases et autres faits et gestes font que le spectateur s'attend inévitablement à une lutte, voulue ou non, entre celui-ci et l'héroïne. Et au final, ultime déception, ultime rendez vous manqué avec "l'ado qui en veut", le méchant et la gentille ne se battront pas, puisque le blond a été salement amoché. Comment ? On ne sait pas. On devine que ce sont les choses apparus un peu avant dans le jeu, mais au final, alors que ce type pendant plus d'une heure était un leader et un grand combattant, on le retrouve haletant et perdant d'avance. Bref, c'est comme si vous aviez (pour reprendre l'univers Pottersien) un duel entre Harry Potter et Voldemort, sauf que celui-ci a un cancer métastasé et courant vers la phase terminale.
Bref, au bout de deux heures de film, j'ai eu l'impression d'avoir perdu mon temps. Certes, bien que destiné à un public adolescent, j'y avais cru voir la promesse d'un film saga pour ado avec un peu plus de cojones que les Potter ou Twilight, ces derniers flirtant avec le gnan gnan et le politiquement correct. Dommage qu'encore une fois on propose à des adolescents une énième soupe sans saveur, où son esprit sera délicieusement dorloté au lieu d'être tiraillé par de puissants sentiments. Bref, quelle mollesse !