Le Festival d'Annecy est le rendez-vous des poids lourds de l'animation, et cette édition 2024 sait nous gâter avec notamment la compétition court métrage qui promet d'envoyer du lourd avec Florence Miailhe qui fait son grand retour avec Papillon, ou encore Jan Saska, précédemment pré-sélectionné aux Oscars avec son film de fin d'étude, qui revient avec un court métrage au visuel alléchant: Hurikán.
D'entré, à travers un noir et blanc très élégant, le film démontre une personnalité singulière et un monde singulier. A la manière d'un Pinched de David Vandervoort, on aime déambuler cet homme moitié cochon qui va nous montrer une société aussi fascinante que répugnante. On sent aussi une très grande maitrise de la mise en scène quand, dans un simple échange de regard, avec un minimum de dialogues, les personnages arrivent à communiquer et à nous faire comprendre les enjeux. Le film devient alors très enivrant dans sa manière de portraiturer la ville comme un lieu parfois misérable et poisseux, mais qu'il est parfois beau de redécouvrir sous un œil nouveau qui peut être amené par une quête. Le récit est alors une quête d'identité qui pousse son personnage principale à trouver sa place entre son alcoolisme et la possibilité de voir ailleurs, représenté par une barmaid au comportement bien trempé.
Le soucis étant que, malgré un récit très fluide et captivant, le film peine à trouver une harmonie et une cohérence d'ensemble. D'une part, le film tente des mariages de tons qui ne fonctionnent pas toujours, entre des moments âpre et proche du réel, et des scènes d'actions purement fantastique se voulant beaucoup plus léger voire enfantin. Il y a notamment une séquence de réaction du personnage principale, reprise plusieurs fois durant le film et constituant une forme de running gag, dans un style purement manga et exagéré qui ne colle pas avec une forme de réalisme plus européen qui habille tout le film. De l'autre côté, on a parfois l'impression que le réalisateur se sent obliger de démontrer une maitrise artistique et formelle, qui résulte en des plans qui ont juste l'air d'être pensé que pour la beauté du geste. Le plan d'ouverture, dans une rotation défiant le réel et toute forme de logique, n'a pas grand intérêt mis à part démontrer des capacités artistiques que l'on ne retrouvera pas vraiment tout le long du film. Cela contraste inévitablement avec les différents problèmes de tons, et montre à quel point le réalisateur peut manquer de recul sur ce qu'il créé.
Tout cela mène au fait que le réalisateur n'a pas grand chose à proposer, mis à part un savoir faire technique et artistique très impressionnant. Le film finit par faire ressentir des longueurs lorsque l'on comprend le propos de fond assez simple (voire simpliste) et que les situations sont amenés à s'enchainer sans que cela n'ait d'apport particulier à ce dernier. Les 13 minutes nous paraissent plus lourdes qu'elles ne devraient, on a un amer goût de déception quant au final et à la finalité même du film qui n'a pas de grandes ambitions. Pourtant, on ne peut pas nier un véritable savoir faire et une personnalité singulière qui nous a proposé une escapade, peu être trop aguicheuse par rapport à ce qu'elle est, mais qu'on ne regrette pas d'avoir fait.
13,75/20
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