Radical, énervé, sans concession, effectivement, Hyena l’est. A différents niveaux.
Celui de la violence notamment, qui est d’une âpreté redoutable. Gérard Johnson ne détourne jamais l’objectif de l’action, même quand les corps sont meurtris, que les âmes s’envolent sous les pressions, psychologique et physique, que leur font subir leurs bourreaux, des hommes dépourvus de toute compassion, uniquement motivés par le pouvoir que leurs confèrent animalité et biftons.
Celui du contexte également. Les méchants sont bien tarés comme il faut, et les gentils loin d’être irréprochables. On le comprend assez vite, les hyènes sont des deux côtés de la barrière légale : chez les 33000 représentants de l’ordre comme chez les trafiquants de tout (femmes, drogues, armes …). Et si quelques bonnes âmes rappellent qu’humanité peut parfois rimer avec bonté, Hyena sonne la plupart du temps comme une sacré charge contre l’homme dans ce qu’il a de plus détestable.
Jusque là, pas de souci, les promesses des quelques échos promotionnels entourant le film sont tenus. Hyena est sec et nerveux, pas de souci. Mais il ne faut malheureusement pas en attendre plus. Il manque au film la composante essentielle qui lui permettrait de sortir de l’exercice de style, de quitter enfin la simple note d’intention pour devenir un ensemble plus abouti. Son problème majeur étant que sa violence ne reste que démonstrative, difficile en effet de se sentir impliqué outre mesure dans le sens où elle manque de sens.
Non pas qu’elle soit futile et gratuite, il y a bien une mise en place de deux camps qui se font la guerre, mais il faut se contenter de cette esquisse de contexte. Les rouages scénaristiques qui se mettent en place le font tous dans leur coin sans entraîner le voisin. Résultat, lorsque les pistes se rejoignent, que Gerard Johnson engage le film sur sa dernière ligne droite, il le fait de façon maladroite, comme il le peut, avec les éléments qu’il a difficilement dessinés. La cohérence un peu bancale du début s’enlise alors dans un n’importe quoi fatal qui saborde complètement l’entreprise. On bute du supérieur comme on donne un coup de poing sur le bureau dans un moment de colère, on occit du flic sans se préoccuper des répercussions, on piège ses copains comme on se fait un casse-dalle à midi et surtout on se suicide sans se poser de question juste pour ennuyer son nemesis de toujours (LA séquence WTF de l'année ...). Bref, c’est un peu la foire au script troué.
Résultat, la fin de la séance se déguste assez passivement. L’intérêt n’y est plus, il est temps pour le rideau de sonner la délivrance. Hyena ne dépasse jamais sa note première d’intention, des uppercuts en séries qui déchaussent les dents sur des beats électro agressifs. Ca fait son petit effet pendant une demi-heure, et pour être honnête, c’est plutôt bien géré lorsqu’il est question de bourre-pif : la caméra est agile, la bande son inquiétante et les salopards sont bien vicelards. Mais sur la durée, c’est la déception qui domine, celle d’avoir été témoin d’un fort potentiel gâché par un crayon un brin opportuniste qui s’est contenté de faire du sensationnel au détriment d’un récit moins basique, moins convenu, et surtout, plus honnête.