Alerte rouge ! Après "The Open House" qui nous avait laissé le sentiment d'avoir assisté à ce qui peut se rapprocher de la plus parfaite représentation cinématographique du néant, Netflix redonne sa chance au duo infernal Matt Angel/Suzanne Coote pour signer la réalisation de ce "Hypnotique". En tant que spectateurs, sommes-nous prêts à commettre la même folie à leur égard ? Notre côté masochiste a bien évidemment répondu un grand "oui" !
Il faut dire qu'ici, sur le papier (qu'ils n'ont d'ailleurs cette fois pas écrit), la proposition paraît tout de même un peu plus alléchante. Détourner l'hypnose thérapeutique pour la confier aux mains d'un psychopathe très doué en la matière est en soi un postulat efficace, dans tout ce que cela peut amener comme idées afin de représenter à la fois une telle emprise, tenant d'un viol mental vis-à-vis des victimes, et les manipulations perverses forcément plus inattendues dans son sillage. Et puis, en confiant son rôle principal à Kate Siegel, la muse si talentueuse de Mike Flanagan, accompagnée de quelques têtes connues (Jason O'Mara et Dulé Hill), "Hypnotique" gagne assez directement une part de notre sympathie, reconnaissons-le.
Cependant, il aura suffi d'une scène d'ouverture complètement stupide pour mettre un terme au peu d'espoir que l'on pouvait avoir. D'une durée pourtant très courte, celle-ci réussit le tour de force de révéler toute la pauvreté de la mise en scène qui va gouverner la globalité du film mais également de gâcher la majeure partie des éléments de surprise sur le mode opératoire de sa menace pour la suite des événements.
Et le reste de "Hypnotique" va s'acharner à confirmer la médiocrité de cette ouverture.
Malgré quelques soubresauts un peu plus louables pour traduire l'intensité du contrôle total de l'hypnotiseur déviant sur l'héroïne (merci Kate Siegel) et ses corollaires ou de vains questionnements sur l'utilisation de l'hypnose en elle-même, le peu d'originalité qui aurait pu habiter le long-métrage se retrouve vite cadenassé par le traitement de téléfilm de seconde zone qu'il subi en permanence. "Hypnotique" devient quasiment l'équivalent d'un trou noir dont la pauvre patiente est victime, l'entreprise est en effet si fainéante au niveau de son écriture ou de sa réalisation pour chercher à affirmer un minimum d'identité en cours de route qu'elle en devient profondément anonyme, comme produite par un algorithme qui chercherait à atteindre le stade ultime de la production la plus impersonnelle qu'il soit en distribuant les motivations les plus clichées à ses personnages ou en balisant ce thriller des étapes scénaristiques les plus éprouvées et prévisibles depuis des décennies.
En termes de temps perdu devant tant d'indigence, Matt Angel et Suzanne Coote signent quelque part encore un coup de maître avec "Hypnotique", on ressort d'ailleurs du film comme après avoir vécu une transe où l'on jurerait avoir entendu des courants d'air passer à l'intérieur de notre crâne inhabité pendant presque 1h30. Exactement l'effet que nous avait fait les portes ouvertes d'une certaine maison en somme...