Encore un excellent titre en partie gâchée par la propension des coréens à virer dans le gros mélodrame déshydratant. Dans le cas de I can speak, on peut même parler de 2 films en un tant la seconde partie du film bascule dans une nouvelle intrigue qui n'a plus grand chose à voir avec la première.
Durant donc 1h00-1h20, I can speak est une comédie drôle, rythmée, et souvent touchante, avec cette guerre des tranchée entre un fonctionnaire appliqué et "Mamie Goblin". Sans être follement originale, la réalisation reste enlevée, l'écriture fonctionne parfaitement avec un excellent duo qui réserve quelques bonnes tranches de rires (la partie de Go/pichenette) et des seconds rôles bien campés bien que parfois sous-exploités : la collègue célibataire (son discours sur son "sacrifice" à l'approche d'une mutation :lol: ), les voisines de la mamie ou le jeune frère (trop expédié malheureusement). Le dosage entre légèreté, progression narrative et touche d'émotions est bien équilibrée et on s'attache vraiment aux deux personnages.
Et donc paf, après quelque chose comme 80 minutes, le film sort la grosse artillerie et brandit son partenariat avec kleenex. Je serai cynique, je dirais que cette seconde partie flirte avec l'opportunisme en s'emparant d'un sujet d'actualité sensible pour les coréens pour s'y engouffrer avec des ficelles suffisamment grosses pour faire du saut à l'élastique au dessus de l'Etna.
En gros la mamie est une ancienne femme de réconfort, secret qu'elle a toujours gardé mais qui ressurgit quand son ami d'enfance, frappée par Alzheimer ne peut aller témoigner à Washington devant l'ONU. La mamie va donc devoir utiliser les courts d'anglais pour parler à la barre en leur nom.
Si le sujet est digne, im aurait pleinement mérité un film entièrement consacré à cette cause. Ici, on a l'impression que le dernier tiers à été totalement rajouté à l'improviste pour surfer sur la vague d'indignation qui secoue le pays depuis plusieurs mois sur la reconnaissance tardive japonaise. D'ailleurs tous les éléments narratifs de la première partie sont tout simplement oublié dans ce dernier acte : les dégradations sur l'immeuble, le procès avec le bailleur, les relations avec le jeune frère... Les flous autour du frère aux USA ou de la jeune femme accompagnant la copine qui commence à perdre la mémoire et que notre mamie refuse de voir sont particulièrement manipulateurs et malhonnêtes pour ma part.
C'est d'autant plus dommage que quand on reste dans le quotidien de la vie de quartier, on trouve encore quelques bons moments (la colère de la commerçante d'avoir été écartée du passé de Mamie). Mais quand on change de pays, rien ne nous épargné des clichés du genre même si j'ai étais agréablement surpris de voir qu'on donne la parole à une autre nationalité.
Si je fais la fine bouche, il faut reconnaître que c'est très efficacement fait (trop, j'ai envie de dire) et une grande partie du public féminin a pleuré à chaudes larmes durant toute la dernière demi-heure. Le sol en devenait presque glissant au moment de sortir.