Après un tel visionnage, je manque de qualificatif tant j’ai versé de l’acide dans mes yeux après avoir au préalable percé mes tympans avec un marteau piqueur hydraulique.
Pourtant tout commençait plutôt bien, c’est avec un plaisir certain que l’on retrouve Rosamund Pike, même si on sent bien l’inspiration de son personnage de Gone Girl, duquel elle semble parfois être prisonnière.
La première partie du film qui présente les personnages et les éléments n’est pas trop mal, voir même plaisante. On n’en vient rapidement à haïr Marla Grayson et à lui souhaiter les mêmes choses qu’aux gens qui versent leurs laits avant les céréales. Le film tend à raconter quelque chose de cruellement en lien avec l’actualité aux Etats-Unis (et je renvoi ici à l’épisode 5 de la 2ème saison de Dirty Money). Proposant de questionner les rapports humains de notre belle société, et la place qu’occupe le bien et le mal comme notion moral quand on recherche la réussite à tout prix. Le tout filmé dans une esthétique pas déplaisante, très propre et lisse, qui colle bien au personnage de Marla.
Mais comme après avoir accepté les bonbons du monsieur à la camionnette du coin de la rue, on n’en vient vite à requestionner notre perception des choses au prisme de l’orifice qui nous fait souffrir.
On pourrait par exemple parler du personnage de Eiza Gonzalez : . Voilà, la vacuité étant défini, on peut s’attarder sur Dianne Wiest qui devient insipide au fil des scènes, nous amenant à considérer qu’enfaite c’est sa réelle mise en EPHAD que l’on a filmé. Son anecdotisme devient tel qu’elle finit par purement disparaitre au ¾ du film, alors même qu’elle est censée en être l’un des enjeux centraux. On mentionnera quand même particulièrement la scène de l’étranglement, qui m’a poussé à mâcher des clous pour oublier la douleur de mes yeux.
Le personnage de Peter Dinklage , qui joue un mafieux gérant une mafia de 6 mecs (l’avocat y compris, j’ai compté). Mafia qui par ailleurs rivalise d’ingéniosité pour entreprendre des actions incohérentes et être le « groupe » criminelle le plus inefficace. Alors forcément me direz-vous, si ce groupe était un tant soit peu efficient, le film durerait 30mn est pas 1h58, certes, mais que deux demoiselles, enfin surtout une, fasse chuter une entreprise mafieuse, ça amène quand même à sérieusement penser que les 275 fonctionnaires d’interpol prennent beaucoup de cafés au vu de leurs résultats … Ca ou que le film s’attache à ne surtout pas être cohérent, deux hypothèses séduisantes !
On n’en vient vite à ne plus sentir aucune menace de ce méchant, aussi grand que vilain (oui c’est gratuit). Qui d’ailleurs est même pas assez méchant pour tuer, ce qui est quand même censé être une partie de son fonds de commerce, mais qui se voit quand même proposer une alliance avec dame Grayson. Pour quelqu’un qu’on présente comme redoutable en affaire, c’est quand même un choix très discutable. C’est comme prendre mon cousin trisomique pour calculer la trajectoire de la prochaine mission sur Mars, ça se tente, mais c’est osé.
D’ailleurs cette scène montre assez bien que les questionnements moraux plus ou moins subtilement montrés auparavant, bah en fait on s’en fout. Surtout que le tout finira sur une espèce de happy end vengeur risible, qui sent bon la moraline du style « a mé le méssan il gagneuh, en vrai le krim ne pahaie pa ».
Alors certes, le film est classé en comédie, mais les personnages n’ont aucun relief ni aucun enjeu réel ce qui donne au film une espèce de penchant lourd entre cynisme et réalisme raté, les dialogues deviennent vite maladroit et n’apportent aucun propos qui pourrait appuyer le cynisme du départ du film. A titre de comparatif, Blackkklansman réussissait à donner, à sa façon, du « réalisme » à son propos de façon assez brutal en fin de film, tout en usant de la comédie tout du long.
Ici le film porte un propos raté dans un projet faussement politiquement correct, et Rosamund Pike malgré son jeu, ne saurait le sauver par sa seule présence.