Comme l’indique son titre, I Care a lot investit le concept du « care » comme mécanisme d’une arnaque à plusieurs détentes ; ce faisant, il aborde une réalité socio-économique en pleine expansion aujourd’hui, notamment aux États-Unis où l’attention et les soins apportés à la personne donne lieu à une véritable industrie à l’origine, par exemple, de villes et de lieux spécifiquement réservés aux retraités, assistés dans leurs tâches quotidiennes. L’intérêt du long métrage réside ainsi dans son propos qu’il traite d’une façon évolutive, progressive : d’abord sous l’angle de la comédie cynique rappelant l’autosatisfaction d’un certain loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013) qui s’enrichissait en exploitant la crédulité de ses pairs ; puis sous l’angle du thriller ; enfin, dans un ultime retournement aussi inattendu que délectable ; avant de retrouver le punch initial, quelque peu terni en clausule.
Il n’y a pas à dire, le film de J Blakeson mêle les tons avec succès, fort d’une mise en scène nerveuse, d’un montage précis et d’une bande originale parfaite, composée de nappes sonores qui suspendent les images comme si tout était déjà joué. L’écriture des dialogues a l’intelligence de décliner le « care » à toutes les personnes, explorant ainsi la langue anglaise et ses expressions, depuis le « listen carefully » menaçant au « take care » affectueux. Nous regretterons donc deux choses : la première tient à l’empressement ultime qui projette ses arnaqueurs au sommet de manière grossière et empressée ; la seconde à la lâcheté relative d’un long métrage qui semblait s’orienter vers la peinture d’un personnage profondément détestable et cruel, prenant plaisir à dépouiller des personnes affaiblies pour s’enrichir, mais qui orchestre vite un virage pour retrouver le droit chemin puisque la méchante doit affronter un méchant.
Heureusement pour nous, les comédiennes d’I Care a lot assurent le spectacle, notamment Rosamund Pike qui ne cesse, depuis quelques années maintenant, de prouver qu’elle est une immense actrice ; elles font oublier la prestation médiocre de Peter Dinklage, une fois encore caricatural et dépourvu de charisme. Un film à voir.