Rosamund Pike incarne un personnage qui lui colle à la peau. Transcendante à l’image de sa posture, habilement manipulatrice, oratrice dans l’âme mais seulement pour ses propres fins. Marla est fine stratège, et sa détermination lui permet de monter les échelons d'un pouvoir qu’elle convoite tant. Pour souligner ses traits dans le film, deux ingrédients majeurs : un jeu d’une hypnotique précision, permis par une actrice ayant fait ses preuves dans l’incarnation de rôles de puissance (cf Gone Girl) ainsi qu’un scénario crédible et surprenant. Mais était-ce si parfait ?
Du côté des acteur‧ices, on peut faire la moue concernant les personnages incarnés par Eiza Gonzalez (Fran) et Peter Dinklage (Roman). Des profils assez basiques en sommes. Entre une femme qui semble être prête à tout, aveuglée par l’amour et éblouie par le charisme de son amante et un ancien criminel capricieux et avide du maintien de la suprématie de son pouvoir, on ne sort pas vraiment des profils habituels des thrillers américains. Côté scénario, on apprécie de voir Marla ne pas douter ni plier sous le poids de la menace et de la peur. On croirait presque à un parti prit se voulant féministe, dans son image d’une femme forte, infaillible et de ses discours d’émancipation.
« Plutôt mourir » que de flancher puisque la mort ne sera même pas un souvenir une fois apparue. Par contre, ces idéaux s’estompent face au pari très (trop ?) risqué que propose Roman à l’issue de moultes rebondissements, face au mur. Énorme déception de choix scénaristique, tombant dans une facilité déconcertante, malgré une tentative selon moi ratée de nous proposer un ultime rebondissement final. Un thriller qui s’apprécie car on ne se lasse pas du jeu de Rosamund Pike, mais franchement décevant dans sa tournure globale.