I Dreamt I Woke Up permet à John Boorman de nous faire visiter sa demeure en Irlande avec un mélange fiction/documentaire assez original et presque indispensable où le cinéaste se dévoile beaucoup. Accompagné de son alter-ego John Hurt qui joue son rôle dans certaines parties fantasmées, Boorman évoque sa mort, son rapport à l'Irlande, nous fait rencontrer ses voisins ou son jardinier et rencontre une journaliste qui ressemble à une vision qui l'obsède.
Le ton est décontracté, modeste, parfois malicieux, personnel sans être trop introspectif. L'occasion d'en savoir un peu plus sur certains thèmes/figures récurrents de sa filmographie comme la noyade et bien-sûr la nature. Il possède aussi un immense terrain qu'il adore et auquel il essaie de redonner un aspect plus sauvage, évitant les formes trop géométriques. C'est un peu son Giverny et il s'y ressource fréquemment durant les phases d'écritures. D'ailleurs de nombreux séquences d'Excalibur y ont été tournés.
Le documentaire même recoupe d'ailleurs sa sensibilité et n'exclut pas l'onirisme, le mysticisme, le fantastique et les ruptures de tons : un corps trouvé dans les tourbières se met à parler, la musique traditionnelle met en lévitation, un esprit maléfique rode dans la forêt et John Hurt se substitue à Boorman le temps de quelques séquences/plans.
De plus la photo est très belle et les paysages y sont magnifiquement mis en valeur. On sent vraiment que l'auteur est très épanoui dans ce genre de format, libéré de toute contrainte.
On est presque déçu que ça ne dure que 45 minutes.