Bancal dans la jouissance, I drink your blood est un bel exemple de film d’horreur fauché, qui arrive à faire du malsain avec peu de choses, sans parvenir à impliquer son public malgré ses efforts. Pour vous donner une idée, l’introduction du film, c’est la bande de hippie tous à poil dans la forêt en train de rendre gloire à satan, avant de boire du sang allongé sur un drap qui ressemble fort à un drapeau nazi. Voilà qui a le mérite d’être clair, nous explorons les clichés d'une autre réalité parallèle. Malheureusement, une jeune fille les observe, mais elle se fait repérer. Après une brève course poursuite, elle est ramenée sur les lieux du sacrifice par la bande. Ca commence donc un peu comme un rape and revenge, mais on choisira de ne pas explorer cette piste là. On se la joue d’abord choc des cultures avec l’arrivée des hippies en ville, qui nous font assez rire en essayant de se donner l’air de gens fréquentables (car on sera d’accord pour dire que tout est subjectif dans ce film, il n’y a que les honnêtes citoyens américains qui sont fréquentables). Les hippies saccagent donc une maison abandonnée et passent leur temps à tuer des rats qu’ils se préparent ensuite comme casse-dalle. Mais leurs nuisances sonores sont vite intolérables, surtout quand ils sacrifient à Satan un de leurs propres compagnons. Cette ambiance de drogue dure et de violence poisseuse, ça rappelle vite Charles Manson et sa famille, ce qui est visiblement l’objectif du réalisateur, voulant montrer combien les hippies sont dangereux en l’état actuel. Cependant, le jeune fils de famille, outré de voir sa sœur violée et son papi bastonné, abat un chien enragé avec le fusil de famille, avant d’injecter son sang dans des tartes à la viande qu’il vend ensuite aux hippies. Ces derniers sont alors pris de violents maux de ventres, et c’est parti pour une histoire de contaminés assez poisseuse, où la violence peut ressurgir à n’importe quel moment. Nous aurons alors droit à des scènes de pure exploitation, comme ces poursuites avec un contaminé armé d’une hache, où cette utilisation sanglante du couteau électrique dans la cuisine d’une ménagère avoisinante. Du pur gore, pas excellemment fait, mais qui remplit le cahier des charges de ce film poisseux comme il faut. On explorera d’ailleurs toutes les possibilités rattachées à la contamination, dont la transmission par relations sexuelles quand des ouvriers forniquent comme des bêtes avec une hippie en crise. Les explications du docteur concernant la rage sont plutôt convaincantes, et viennent bien contribuer à l’ambiance. Ce qui a surtout mal vieilli, c’est la bande son électrique pas toujours bien gérée. Certes, elle crée une ambiance, mais elle se révèle très répétitive, désagréable, et apparaît aujourd’hui comme datée. Qu’à cela ne tienne, I drink your blood est un petit film de contaminés sans autres prétention que donner du malsain et du gore (pour l’ambiance, on penserait à une sorte de La Chair et le Sang), avec des acteurs qui cabotinent hélas trop pour qu'on se sente impliqué à un quelconque moment du film. C'est un peu le soucis de ce vieux cru, qui se pose en simple témoin d'évènements qui ne nous impliquent jamais, puisque le gore est le seul élément promis, il est donc sensé nous contenter. Le côté un peu dérangeant de la contamination n'effraye qu'un temps, et malgré son audace glauque, ce petit film ne parvient pas vraiment à convaincre. Petite curiosité pour les amateurs du grindhouse originel.