Rien de plus facile à Hollywood que d'adapter une histoire vraie. Surtout si c'est celle d'un escroc de génie, multirécidiviste et condamné à la perpétuité pour avoir ridiculisé l'état du Texas. Là où ça se complique, c'est quand votre antihéros est gay, archi-gay, totalement gay et fier de l'être. Bloqué à l'état de projet mort-né pendant plusieurs années malgré l'intérêt d'une star comme Jim Carrey, le film se verra sauvé par une personne que l'on attendait absolument pas sur ce terrain: Luc Besson. Plus qu'une simple romance homosexuelle, "I love you Phillip Morris" est surtout l'histoire touchante d'un looser magnifique brillamment interprété par un Jim Carrey au sommet de sa forme, menteur chronique et imposteur n'ayant jamais su qui il était vraiment, prêt à tout pour être aux côtés de l'amour de sa vie. Dans le rôle de l'amoureux transi, Ewan McGregor est magnifique, tout en justesse et sensibilité désarmante. Si l'esthétique est un brin trop clinquante et le rythme parfois casse-gueule, ce premier film parvient à déjouer les pièges dans lesquels il était facile de tomber, et offre un divertissement drôle et attachant, loin de tout militantisme mal-venu et s'achevant dans un ultime pied de nez.