Comédie romantique et divertissement carrément moyen, ce très attendu I love you Phillip Morris ne tient pas les engagements que ce projet longtemps repoussé (la faute à des investisseurs timorés, l’homosexualité étant encore, apparemment, un tabou insurmontable aux États-Unis) laissait grandement promettre et supposer. Ses manières très Arrête-moi si tu peux inspirées, comme le film de Spielberg, d’une histoire vraie abracadabrantesque, et entremêlées à une romance gay que l’on peut, en définitive, trouver accessoire, lui donne à coup sûr un ton vif et décalé qui fait souvent mouche. Mais sur sa durée, I love you Phillip Morris finit par ennuyer, ne plus convaincre et ne plus passionner ; le film fait davantage sourire que franchement rire et c’est parfois laborieux (les symboles phalliques), parfois réussi ou parfois inégal dans ses effets, ses traits d’humour et ses moments touchants.
Ce grand fou de Steven Russell n’est finalement ni un escroc ni un filou, c’est d’abord un homme complètement amoureux prêt à toutes les affabulations, à toutes les combines (jusqu’à se faire passer pour mort) pour roucouler tranquille avec son homme au bord d’une piscine. Au-delà de son entêtement presque maladif, c’est un éternel amant transi que rien n’arrête (et surtout pas les murs d’une prison) ou n’empêche les sentiments débordants qui ont quelque chose d’inexorable, de flippant dans leur envie d’exaltation.
Le film se joue pas mal des clichés sur l’homosexualité, s’en divertit et en abuse pour mieux les snober ou leur tordre le cou, le situant, de fait, davantage du côté d’une Cage aux folles allégée (dans sa première partie) que d’un Brokeback Mountain viril et sans chichi. Jim Carrey fait du Jim Carrey avec excellence, mais il n’a rien de vraiment surprenant ici (au contraire de ses inoubliables prestations dans The Truman show, Man on the moon ou Eternal sunshine of the spotless mind). La vraie surprise vient plutôt d’Ewan McGregor, étonnant en gay sensible et tout sucré capable de s’émouvoir de petits mots tendres dans les emballages de chocolat (la scène est courte, mais très drôle).
Leur couple, inédit et malicieux, est évidemment la pièce maîtresse du film et ce pourquoi il s’emporte, fonctionne dans ses intrigues fofolles pas toujours convaincantes. Bancal, malhabile dans sa maîtrise du rythme et du scénario, I love you Phillip Morris est un objet bien trop approximatif, un peine à jouir dans sa constance et son élaboration.