I Love You Phillip Morris
« I love you Phillip Morris » ne laissait pas présager que du bon: une start-up bien américaine réunissant l'usine à navet John Requa– Glenn Ficarra avec le bien pensant Jim Carrey. De premier abord quelque peu reboutant." Les scénaristes de grands films de notre tout jeune siècle encore inapte à savoir les accueillir comme ils le mériteraient, tels « Bad Santa », « Les Looney Tunes passent à l'action » ou encore le mémorable « Comme chiens et chats », ont apparemment décidé de s'accorder quelque peu à leurs temps, et d'arrêter une plaisanterie qui tardait à trouver sa chute. Pour leurs premiers tâtonnements dans le monde de la réalisation, les deux acolytes décident, sans surprise, de donner le rôle principal à l'homme qui se lève un matin en ne sachant plus mentir, en ne sachant que dire oui ou en ayant les pouvoirs de Dieu. La collaboration aurait donc logiquement dû être désastreuse.
Surprenant dilemme pour le spectateur qui, quoi qu'on en dise, raffole de l'humour, du jeu de scène et du mimétisme de Jim Carrey, tout en ayant envi de voir un film et non un sketch. Qui est friand d'un Carrey sérieux et grave, avec toujours une pointe d'humour, comme il pu l'être dans « Eternal Sunshine of the Spotless Mind » sans mourir à petit feu devant « Le nombre 23 ». Suivre la vie tumultueuse de Steven Russel, un génie de l'évasion fou amoureux d'un Philip Morris ne sachant pas vraiment où se mettre dans un film où Russel prend toute la place, retranscription très réussie pour un Erwan McGregor tentant maladroitement de devenir calife à la place du calife pendant 1h30: il n'est alors qu'un appui de luxe à un Jim Carrey en pleine forme réussissant à passer d'un rire à une (relative) émotion. Le montage joue d'ailleurs bien de ces dualités réalité/mensonge, banalité/extravagance, évasion/capture.
De multiples couples de contraires s'affrontant et se chevauchant avec humour à travers une coupe au couteau plutôt réussie.