Les univers sombres et inquiétants, on peut dire que c’est le rayon d’Alex Proyas. Après Dark City et The Crow, le voila aux commandes d’I-Robot, thriller de science fiction inspiré librement de la série de romans « Les trois lois de la robotique » de l’écrivain Isaac Asimov. Proyas en réalisateur, Will Smith en tête d’affiche, ce nouveau film de robots du futur s’annonce spectaculaire, effrayant, intelligent, drôle et cool…
Et UN nouveau film de science fiction sous estimé, UN !
Ils font nos courses, ils promènent nos chiens, ils gardent nos enfants (et les personnes âgées), ils récupèrent les sacs volés des mémés, ils nous font la cuisine, ont remplacés les éboueurs, se promènent parmi nous, oui, dans I-Robot, les robots sont les larbins des êtres humains. Voir évoluer ses personnages si expressifs vêtus de métal et naviguant dans un monde futuriste ultra réaliste, propre, et où il fait bon vivre. Tout du moins en apparence. Alors que tout le monde s’habitue à se nouveau style de vie, l’inspecteur Spooner, notre héros, ne voit pas cette évolution du même œil. Encore moins lorsqu’il se voit confier cette affaire de chercheur dans la robotique s’étant suicidé. Mais pourquoi Spooner éprouve tant de froideur et de haine envers ces êtres robotiques serviables ?
Des robots à notre service, créés aussi pour nous protéger ? Pas très rassurant puisqu’ils ne sont pas doté de conscience. Heureusement, les chercheurs en robotique ont inclus une sorte de programme dans chaque robot. Ce programme, a constitué de trois lois qu’aucun robot ne peut bafouer :
Loi n°1 : un robot ne peut faire du mal à un humain, ni le laisser exposé à un danger.
Loi n°2 : un robot doit obéir aux ordres des humains, sauf si ces ordres s'opposent à la première loi.
Loi n°3 : un robot doit protéger son existence, tant que ça ne s'oppose pas à la première ou à la deuxième loi.
Tout comme Minority Report, Terminator, Blade Runner, I-Robot, c’est une mise en garde pour l’avenir et l’avancée de la technologie. Dans ce nouveau monde futuriste d’une richesse et de détails impressionnants, nous découvrons ce futur et cette intrigue à travers les yeux du personnage de Spooner. Ce personnage, il déteste les robots et la technologie. Avant, c’était un homme sociable et amusant (ça ne l’empêche de taquiner sa grand-mère et sauver la vie d’un chat), mais, suite à une tragédie le hantant constamment dans ses rêves, il est devenu paranoïaque bien qu’il garde un brin d’humour. N’oubliez pas, c’est du Will Smith. Spooner n’est pas l’unique personnage central de notre film, il y aussi Sonny, un robot accusé du meurtre du professeur Lanning.
Est-ce que quand on se considère comme le dernier homme sensé sur
cette terre, ça veut dire qu’on est dingue ? Parce que si c’est le
cas, je le suis peu être.
Changement de personnalité pour Will Smith ?
Aux cotés de Will Smith, nous retrouvons l’actrice Bridget Moynahan, interprétant le Dr Susan Calvin, une femme très à l’aise avec les robots. Elle les fabrique, les perfectionne, les répare au besoin, c’est elle qui donne aux robots l’air plus humain. Susan, c’est l’opposé de Spooner. Elle est rationnelle, concentrée, sereine, empathique par rapport à ses créations. Relation étonnante pour deux personnages ne voyant pas les choses de la même manière. Ce qui provoquera certaines tensions. Belle alchimie, et pour une fois, pas de tensions sexuelles. Tous deux essayeront de comprendre si Sonny a commit ou pas le meurtre de Lanning. Quant à l’acteur Bruce Greenwood, il joue le rôle ambigu de Lawrence Robertson, le directeur d’USR. Avec le professeur Lanning, c’est lui qui a développé les robots. Il est convaincu que Sonny a un bug.
Dans Irobot, il se passe des choses pendant l’enquête que mène Spooner, aidé par le Dr Calvin. Sans que l’on comprenne vraiment pourquoi, la technologie de l’USR se met à mal fonctionner et se retourne contre Sponner, le mettant en danger constant. Cela aurait-il rapport avec la découverte d’un sombre secret enfoui ? On ne sait pas mais en tout cas, ça donne lieu à des scènes d’action fun remplies de tensions (cf, la scène du tunnel).
Ca rime à quoi ses visages ? Pourquoi vous voulez les faire ressembler
à des humains ? Parce que sinon on n’aurait pas confiance en eux ?
I-robot et sa beauté visuelle
Bien que l’environnement semble étrangement familier, il diffère de ses confrères. L’architecture par exemple opte pour plusieurs tons, voir des mix entre bâtiments ancien et bâtiments futuristes. Ceci permettant d’avoir un style à la fois rétro, moderne et futuriste. De plus, chaque habitant de ce Chicago futuriste à son style bien particulier, pas de fringues du futur kitsch à la Retour vers le futur 2. En gros, bien qu’il y est évolution technologique, le style vestimentaire des hommes et femmes, reste légèrement les mêmes que le monde d’aujourd’hui. Il en sera de même pour les armes à feu et autres accessoires.
Comment ne pas parler des voitures et autres véhicules du futur ? Génial. Des voitures à roues sphériques pouvant se conduire seul ou manuellement, allant dans toutes les directions et rangées dans des parkings ressemblant à des dressings. Pas de voitures volantes, l’équipe en charge de la conception de ses véhicules voulait que ce soit plausible, comme si c’était l’évolution normale de notre monde.
Autre point bien entendu : les robots ! Ici aussi, on a placé la barre très haute. Avec leur imagination, l’équipe en charge du design et conception des robots pousse plus loin que la forme humaine. Plusieurs modèles différents : de l’ancien rigide au récent possédant des mouvements plus fluides et gracieux, on remarque l’évolution. Tout dernier modèle censé sortir : NS-5, robot vêtu d’un revêtement blanc sans un pète ni une tache (seuls les câbles d’articulations des bras, jambes et cou sont apparents), doté d’une puissance de frappe et d’une rapidité supérieure à un humain lambda. Ces nouveaux robots montrent plus leurs émotions. Si leurs yeux et leurs torses deviennent rouge, vous devez prendre vos jambes à votre cou.
Alan Tudyk, l’interprète de Sonny, l’un des nouveaux modèles de robot, se glisse ainsi dans une combinaison verte, puis, par ordinateur, on capture ses expressions faciales, et ses mouvements. C’est la même technologie que celle de Gollum dans Le seigneur des anneaux Les deux tours et Le retour du roi. Bluffant de réalisme, Sonny prend vie sous nos yeux. Visage innocent, neutre comme une statue de cire, quand il parle, bouge ou affiche diverses expressions et émotions, c’est une baffe. Logiquement, on s’y attache. Pour les autres acteurs eux aussi vêtus de la combinaison verte, il fallait apprendre à marcher et bouger de la même manière. C’est Paul Mercurio qui sera en charge de la chorégraphie des robots (un peu comme Terry Notary pour la démarche et mouvements des singes de la Planète des singes) et apprendra aux acteurs interprétant des robots à marcher et se déplacer comme eux.
Spectacle futuriste et robotique réfléchit
I-robot, tout comme Terminator et bien d’autres, n’est pas qu’un bête film de science fiction, d’action et d’effets spéciaux efficaces, c’est aussi un film amenant réflexion sur le libre arbitre, la pensée robotique (alors qu’elle est créée par l’humain), l’individualisme, le choix de sa destinée, et le comportement de l’humain vis-à-vis des robots (vus comme des objets, traités comme tels, un peu comme le font certains hommes avec les animaux, persuadés qu’ils leurs sont supérieurs intellectuellement). De quoi à la fois vous faire réfléchir, et à la fois de vous délecter de l’histoire et de l’humour froid d’un Will Smith plus sombre que d’habitude. Et si je vous disais qu’il y avait encore une histoire d’intelligence artificielle dans cette histoire ? Après « maman », « Skynet », « Hal », voici « Vicki », l’ordinateur central de l’USR. Reste à savoir si Vicki est du bon ou du mauvais coté. Qu'importe, le sujet de la robotique et l’intelligence artificielle continue à faire froid dans le dos, tout en fascinant.
Bien que fun, I-Robot, a des allures de documentaire sur le futur. Proyas, bien qu’incluant un peu trop de personnages clichés et de placements de produits comme la paire de Nike portée par Will Smith (j’avoue, ca fait rêver) ou l'Audi RSQ, voiture spécialement conçue pour le film et augmenter la notoriété de la marque, il n’a pas cette vision Hollywoodienne et théâtrale du futur. Dans son film, il essaye de créer une sensation de réalité afin que le spectateur puisse croire à ce monde peuplé de robots et de nouvelles technologies.
Merci. Vous avez dit « quelqu’un » alors que vous auriez pu dire «
quelque chose ».
Au final, enquête policière futuriste bien ficelée, rythme scénario en béton, truffé d’effets spéciaux bluffant de réalisme, de la castagne, des courses poursuites à voiture et à moto, du gun fight au ralentis, du spectacle encore du spectacle, casting sympathique (bien que Shia Laboeuf soit inutile sauf pour son coté grande gueule humoristique), suspense et rebondissements permanent, petit coté sombre, intriguant et cauchemardesque souligné par une bande son glaçante, I-robot a beau manquer un poil de profondeur, il reste un pur divertissement jouissif à consommer sans modération.