Un film d'horreur

Un visionnage intense et difficile, encore que le plus éprouvant reste la lecture des critiques du film. Du name-dropping d'auteurs et de mouvements artistique assez impressionnant, accompagné de plaintes confuses sur la nature "ambigu" d'un film pourtant on ne peut plus direct et clair dans son propos, si tant est que le spectateur fasse preuve d'un minimum de curiosité et d'empathie envers les personnes et vécus qu'il décrit.

Peut-être que cela explique les notes médiocres qu'on peut voir sur ce site, les gens refusent, ou pire sont incapables, de prendre le film pour ce qu'il est, et préfèrent se l'imaginer comme une expérience artistique un peut bizarre sur "la nostalgie" ou "l'angoisse du passage à l'âge adulte".

On va le dire pour ceux du fond qui ont pas suivi : c'est un film qui parle de personnes trans, qui parle de vécu trans et de la vie de cauchemar que nous sommes beaucoup à avoir quitté, dans laquelle beaucoup sont encore enfermés et où beaucoup resteront à jamais, celle où l'ont meurt lentement sans jamais avoir réellement vécu.

I Saw the TV Glow est un film d'horreur. Il raconte l'histoire, d'"Owen", une femme trans dans le placard qui, à travers les années, va avoir à plusieurs reprises l'opportunité d'en sortir et de vivre, et la refusera à chaque fois. Chaque bond dans le futur est comme un coup de poing qui vous arrache l'air des poumons, chaque éloignement de "Maddy" une promesse de souffrances inutiles et on ne compte pas le nombre de petites phrases à l'apparence innocentes qui, lorsqu'on comprend leur sens, glacent le sang. La dernière partie du film est particulièrement dure et cruelle, offrant une dernière note d'espoir avant de nous achever dans de dernières minutes absolument déchirantes.

I Saw The TV Glow est un film qui brille non seulement par la justesse avec laquelle il décrit l'horreur de cette vie de refoulement et de mélancolie, mais aussi par son insistance à la refuser en tant que fatalité, car comme il le dit dans son dernier acte comme une supplique envers ceux et celles qui, à l'image de la protagoniste, ont besoin de l'entendre, malgré tous les refus, tous les obstacles, et tout le temps passé :

"There Is Still Time"