Ibrahim est un homme jeune, lycéen de son état. Il est élevé par son seul père qui tient l'étal d'écailler d'une grand brasserie de la place. Ils sont des taiseux tous les deux mais très vite nous devinons le poids des non-dits entre eux.


Ibrahim a un ami qui tente de jouer au grand frère auprès de lui mais surtout de l'associer à ses combines pour se procurer de l'argent facile.


Ahmed est un père aimant à qui les mots manquent pour exprimer son affection. Deux choses lui importent : que son fils réussisse à l'école mais surtout dans son club de football et que lui-même puisse enfin s'offrir ces prothèses dentaires qui lui permettront de quitter l'étal pour servir en salle.
Quand Ahmed/Samir Guesmi peut enfin faire le chèque de la somme qui reste à sa charge pour les prothèses, l'incident qui va bouleverser leur vie se produit. Ibrahim/Abdel Bendaher se fait prendre en tentant de voler un téléviseur dans un magasin et le gérant qui le retient et a convoqué le père lui met le marché en main. L'alternative est simple, soit le père rembourse le magasin pour l'appareil détérioré, soit la police est prévenue. Pour Ahmed la réponse est toute aussi simple mais ses prothèses et ses rêves d'une vie professionnelle plus gratifiante s'envolent.


Ibrahim, premier film réalisé par le comédien Samir Guesmi, raconte la vie d'un père et de son adolescent de fils. Il montre comment ce jeune homme qui n'est pas un délinquant se laisse entraîner dans des combines douteuses plus par mimétisme que par appât de gains faciles. C'est avec la même légèreté un peu inconsciente qu'il pense qu'il suffit d'aller chez le prothésiste pour récupérer la prothèse du père en disant qu'il règlera ce qu'il doit de temps à autre avec cet argument désarmant et définitif qu'il oppose à l'homme de l'art : « Vous ne savez pas ce que c'est d'être sans dents car vous vous avez les vôtres ! »


Ibrahim est filmé avec soin et avec précision. Même si l'argument du film peut paraître un peu léger au premier abord, il a le mérite d'exister ne serait ce que parce qu'il raconte une vie ordinaire avec sobriété, sans fioritures et sans chercher à nous apitoyer.

Freddy-Klein
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le 27 juin 2021

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