Second rôle récurrent et sympathique du cinéma français depuis trois décennies et notamment vu chez la défunte Solveig Anspach ou chez Anne Fontaine, Samir Guesmi passe derrière la caméra pour la première fois avec « Ibrahim ». Et si son premier essai inspire l’indulgence et la sympathie, il n’en demeure pas moins un petit film anecdotique. Un long-métrage qui a tout d’un court ou d’un moyen métrage et qui aurait certainement gagné à adopter l’un de ses deux formats. Le film est très court, tout juste le temps d’un long épisode de série télévisée (à peine une heure et quinze minutes), mais beaucoup de scènes s’étirent sans véritable raison et certaines circonvolutions sont inutiles. Paradoxalement, malgré cette courte durée, on trouve parfois le temps long.
Ceci mis de côté, Guesmi a fait le choix de la simplicité et du naturalisme à tous niveaux. Beaucoup de choses se jouent dans les regards et les gestes davantage que par le biais de la parole et donc des dialogues. Ce n’est pas un défaut et ce côté chiche en répliques donne une personnalité à ce film qui parle avant tout de la relation entre un père et son fils, relation que l’on devine en partie autobiographique. « Ibrahim » révèle un jeune acteur plein de naturel qui porte le film sur ses épaules. On risque donc de revoir le jeune Abdel Bendaher bientôt s’il négocie bien l’après. Guesmi s’est entouré de quelques amis de sa famille de cinéma comme Philippe Rebbot dans un rôle inattendu ou encore Florence Loiret-Caille avec qui il a partagé l’affiche dans « L’effet aquatique » qui jouent des seconds voire des troisièmes rôles.
Le film est fait de micro-péripéties vécues par un adolescent qui veut aider son père après avoir fait une bêtise. Les intentions sont belles et il y a de jolis moments entre le père et le fils ou lorsqu’Ibrahim rencontre une fille. Ses déboires avec son meilleur ami sentent en revanche le déjà-vu et agacent à force de mauvais choix du jeune homme. On est donc devant une œuvre avec certaines caractéristiques typiques d’un premier film : inaboutie, balbutiante et manquant d’un script plus étoffé. Mais l’humanité et la sincérité qui s’en dégagent poussent à la tolérance. « Ibrahim » n’est pas déplaisant, il manque juste de plus de substance, d’une vraie fin et d’un vrai début pour sortir de la banale chronique adolescente. En revanche, on apprécie beaucoup que le film sorte des sempiternels clichés sur la banlieue. Un premier essai pas vraiment raté donc mais totalement anecdotique.
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