Voila un documentaire aussi passionnant sur le fond que surprenant sur la forme.Il m'a fallu 20 bonnes minutes de doc pour comprendre que la personne à l'écran est le réalisateur (du coup, j'ai tout recommencé depuis le début).
Je n'avais pas compris que je regardais un Super Size Me sur le dopage. Une forme très américaine de "je teste une idée à con pour prouver mon propos". A savoir, je me dope pour prouver que les tests anti-dopages sont bidons. Et pour ça, il passe par un scientifique russe.
Pourquoi pas, mais tout un film là-dessus, bof. Et puis, une question reste occultée pendant tout le film : l'argent. Comment ce type finance tout un protocole de dopage ?
Sauf que tout s'emballe au centre du film et c'est là que cela devient passionnant. Je n'en dirai pas plus pour ceux que ça intéresse. Il y a là toute la force d'un documentaire. Les événements se font au détriment des protagonistes. Ce flottement et ces hésitations ouvrent la perspective d'un véritable suspens, avec des révélations incroyables, bien que connues pour la plupart.
Il y a clairement du storytelling et certaines réactions laissent à penser un manque de spontanéité. Toutefois, la relation entre Bryan Fogel, le réalisateur, et Grigory Rodchenkov, le scientifique russe, a une ambiguïté exquise.
D'un côté, on voit clairement que Fogel sent le méga-scoop se former sous ses yeux et il fait tout pour l'exploiter mais aussi le provoquer. De l'autre, Dimitri cache clairement son jeu. Sous son air débonnaire se cache un homme intelligent et manipulateur qui exploite cette production américaine pour sauver sa vie.
Un jeu de dupe réciproque et assumé. Tout comme il n'est ici question que de politique internationale. Et même de Guerre Froide. La relation entre les JO et la Guerre Froide est profondément ancrée. Ou'Icare ait obtenu l'Oscar du meilleur film documentaire a aussi quelque chose de politique.
Le documentaire compte quelques défauts, mais il est passionnant. Visible sur Netflix.