Je pense avoir beaucoup de mal avec le cinéma portugais. Que ce soit les long métrages d'animation assez décevant comme Les Démons d'Argiles, ou même les films en prise de vu réelle à la Un Automne à Great Yarmouth qui prennent plaisir à filmer la misère sociale pour se croire intéressant mais qui finit surtout n°1 de mon flop film 2023, et même si ces deux films n'ont en commun que leurs nationalités et l'acteur Nuno Lopes, j'avais quelques réticences vis-à-vis du fait de regarder un film d'animation portugais, même court. Pourtant Ice Merchants avait comme qualité d'être visuellement intriguant et d'être passé à la semaine de la critique cannoise, et heureusement que j'ai accordé une chance au film.
Le film est très poétique dans sa première moitié, et arrive à exposer son univers avec une efficacité remarquable. Il se dégage tout de suite quelque chose de touchant dans la vie de ces deux marchands de glaces qui vivent au dessus du monde. Leurs quotidien est fascinant de poésie et de tendresse, tant on ressent leurs bonheur dissimulé sous leurs doudounes et leurs écharpes. Tout est exposé dans une démarche quasi documentaire, dans une forme de docu-fiction qui rappelle The Lighthouse de Robert Egger sans le côté glauque, où l'on voit deux personnes travailler et œuvrer dans un cadre hors du temps, libre de toute contraintes. On est porté par la fausse simplicité des décors, du quotidien de ces deux travailleurs, et on est très vite emporté avec les personnages.
Le soucis est qu'à certains instants, le film décide d'être un peu plus spectaculaire, notamment lors des phases de chute de la maison vers le village, où certaines descentes (surtout la première) partent dans des excès qui vont mal avec la simplicité d'apparence qui est mis en place. A vouloir montrer un côté fantastique et spectaculaire d'une chute vertigineuse, on tombe parfois dans des plans complexes, où l'animation peine parfois à suivre, et qui ressemblent par moment à un travail clipesque que l'on peut avoir dans des publicités. Le film ne manque pas de ressources pourtant, notamment grâce à ses très beaux plans larges montrant les personnages et leurs tailles face à l'immensité. Enfin, le film reste énigmatique au sujet de casquette, élément non négligeable du scénario, qui trouvent une réponse... sans forcément trouver de réponse. Cela apporte une très belle image poétique et riche en histoire, mais qui soulève des questions un peu gênantes qu'on aimerait ne pas se poser. On accepte volontiers d'oublier tous ces défauts pour profiter de la beauté du film car, en fin de compte, ceux-ci représentent pas grand chose face un court métrage qui a tout pour lui.
16,75/20
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