Ah ! la sobriété du cinéma nippon !
Ben le moins qu'on puisse dire, dans ce domaine, c'est que Miike n'est pas l'héritier d'Ozu. Car s'il y a bien un adjectif qui qualifie ce film, c'est "excessif".

D'abord, le plus évident, c'est l'excès de gore et d'une violence irréaliste au possible. Des hectolitres de sang qui giclent, des entrailles qui refont la déco des appartements, des scènes de tortures avec huile bouillante, rien ne nous est épargné. Et la façon dont c'est montré m'a plus fait penser à une parodie, au jeu puéril d'un ado qui a décidé de s'amuser, qu'à un film sérieux cherchant à dégoûter. Voir Ichi rentrer dans une pièce pour tuer tout le monde, mais rester hors de cette pièce et voir le sang et les boyaux qui giclent, c'est presque cartoonesque. Un cartoon déjanté et dégénéré, gore et idiot, mais sympa si on le prend au troisième degré.

Excessif, le film l'est aussi dans sa réalisation. La caméra qui virevolte dans tous les sens, les cadrages bancals, le montage brutal,
tout y est trop speed, trop décalé, tout y montre trop une volonté de faire du survolté, du surchargé, du too-much. C'est totalement raccord avec le propos, et ça donne une atmosphère visuelle typique au film. Après, comme tout parti-pris de mise en scène, ça risque de faire fuir des spectateurs. Mais comment pourrait-on reprocher à un cinéaste de faire personnel ?

Enfin, ce film est aussi excessif dans sa durée. Manifestement, il n'y avait pas de quoi dépasser les deux heures. J'ai eu souvent l'impression que le film stagnait et que l'action n'était que prétexte à des jeux visuels gores ou à des scènes transgressives pour choquer mémère.

Alors, bien sûr, il y a de fort bons aspects également, le principal étant Kakihara, l'enquêteur tortionnaire chargé de retrouver son patron disparu. Et puis, il y a une certaine recherche sur la façon de transposer visuellement un manga sur grand écran.
En bref, un film décapant, à prendre avec tout le recul nécessaire, et qui n'est pas le meilleur du cinéaste.

Créée

le 17 févr. 2014

Critique lue 2.2K fois

41 j'aime

2 commentaires

SanFelice

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

41
2

D'autres avis sur Ichi the Killer

Ichi the Killer
SanFelice
6

Ichi raque

Ah ! la sobriété du cinéma nippon ! Ben le moins qu'on puisse dire, dans ce domaine, c'est que Miike n'est pas l'héritier d'Ozu. Car s'il y a bien un adjectif qui qualifie ce film, c'est...

le 17 févr. 2014

41 j'aime

2

Ichi the Killer
Petitbarbu
8

A History of Violence ... and sex... and Violence.

Takashi Miike est un réalisateur prolixe, c’est peu de le dire. Du bonhomme, je n’ai vu que peu, un Ace Attorney, un 13 assassins et c’est marre. Ichi the Killer est un métrage que j’ai toujours...

le 27 mai 2016

24 j'aime

9

Ichi the Killer
parasaurolophus
7

Critique de Ichi the Killer par parasaurolophus

Ce film est l'un des plus pervers que j'ai pu regarder depuis Salo ou les 120 jours de Sodome. Il est aussi parfois un poil confus. La faute à des Japonais qui, en plus de tous se ressembler, ont des...

le 15 oct. 2010

24 j'aime

1

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

257 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

221 j'aime

20

La Ferme des animaux
SanFelice
8

"Certains sont plus égaux que d'autres"

La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l'URSS stalinienne. Et s'il y avait besoin d'une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera...

le 29 janv. 2014

220 j'aime

12