Crise de foi pour Sœur Luce
Dommage dès lors que la mise en scène de Jean-Pierre Denis ne soit pas plus inspirée. Les scènes de maquis apparaissent trop artificielles et sentent trop le carton-pâte. De même le réalisateur des Blessures assassines ne semble guère à son aise dans le monde secret et hermétique du couvent, en proposant une vision convenue où les paroles doucereuses, mais autoritaires, de la Mère supérieure et de l'évêque, sont constituées d'une litanie de sentences définitives et de lieux communs. L'expérience extraordinaire et solitaire que vit Sœur Luce sème le trouble en rajoutant à celui forcément plus tangible et lourd de dangers immédiats que représente la présence de l'ennemi. Comme si les tourments intérieurs de la religieuse venaient se surajouter à la complexité de la situation mais de façon presque anormale, pour ne pas dire indécente ou hors circonstances, avec des conséquences terribles que le dépit amoureux et la trahison ne peuvent entièrement justifier.
Ici-bas vaut d'abord par la qualité d'interprétation de ses deux comédiens principaux : Céline Sallette et Eric Caravaca, la première habitée d'une force inébranlable et le deuxième abasourdi par cet amour inouï dont il est l'objet à son corps défendant. Hélas le film peine à nous toucher durablement en restant dans une sage et appliquée mise en scène qui manque de souffle et d'ambition.