À catégoriser dans les films trop bizarres pour être de simple documentaire, et en même temps trop attaché aux images du réel pour ne pas s'en approprier certains traits.
Sur le son, il y a quelque chose qui me plaît beaucoup. C'est le choix d'utiliser des bruitages plutôt qu'une bande son capté en même temps que l'image. Ce doublage inutile, techniquement, est abandonné dès que l'on souhaite nous faire entendre les mots prononcés par les individus filmés. Bien sûr difficile de savoir qu'est ce qui a été doublé et qu'est ce qui ne l'a pas été. Probablement, que la question n'a pas tellement de sens.
Ce qui en sort, de ce choix, en apparence anecdotique, c'est une dissociation de l'image captée et du réel. On ne regarde plus une archive, au sens classique du mot, mais une vision fabriqué, qui construit quelque chose d'à la fois étrange et plus épuré en même temps. Plus épuré oui, sachant que ça aurait pu être le contraire.
C'est donc une ambiance sonore qui me rappelle le travail d'Herzog notamment.
Pour ce qui est du reste du film, j'en retiens beaucoup de bien. L'image a toujours quelque chose de bienveillant envers son sujet, même avec le nouveau quartier. On sent que la caméra essai d'avantage de mettre en valeur la réalité du terrain plutôt que la simple publicité qu'affichent les promoteurs. Effectivement, ce seront les grands méchants de l'affaire. Eux et leurs images d'architectes tout à fait risibles.
Le quartier en construction, aura des allures de nouvelle usine à vivre. On y intégrera quelques personnages tirés de ces publicités exagérément surpeuplé de monde. Ce qui rentrera à la toute fin en contradiction avec ces balcons pour la plupart désert et froid, avec ces rues vides et jonchées de jeunes arbres morts.
La question sociale se posera comme une évidence, comme quelque chose qui a besoin de simplement être diffusé sans artifice. Les retraités qui ont connu la friche lorsqu'elle grouillait d'ouvriers. Les sans-abris qui y trouvent abri jusqu'à ce qu'on les vire, chose qu'ils ne manqueront pas de répéter constamment ; l'un ajoutant qu'il veut quitter Bordeaux. Les roms qui s'y installent à l'air libre ; ils n'occupent pas les bâtiments et aussi vite apparus aussi vite expulsés. Au final, des habitants s'installant dans les nouveaux appartements, nous n'en verrons que les silhouettes. Ce ne sont pas eux qui ont habité la friche, ce sont tous ceux qui les ont précédé. Un espace nommé friche n'est plus une friche une fois que cet espace a été intégré au reste de la ville ; une fois que cet espace a été purgé de son caractère marginal, de sa supposée inutilité.