Le point de départ est connu. Un soldat se fait mettre en hibernation. D'une intelligence très moyenne, il se retrouve en 2500, époque où, par un processus naturel (les personnes intelligentes se reproduisent peu, les idiots beaucoup), l'humanité a désormais un Q.I. de moins de 50. La planète est couverte de déchets, être intelligent est vu comme un stigmate et les récoltes dépérissent car on les arrose de boisson énergisante.
Ce qui est épais et gras peut aussi être bourré de calories. Idiocratie n'est sûrement pas un chef d'oeuvre : ses décors sont répétitifs, les têtes d'affiche font le travail sans plus, le scénario est bourré de facilités (la plupart des personnages étant des démeurés, il est facile de se dépétrer de la plupart des situations.
Et pourtant, il y a un charme à cette satire à boulets rouges. Disons que dans cette période de réélection de Donald Trump, avoir un film qui se moque du culte des muscles et de la violence, et montre Fox News dans sa forme finale (un bodybuilder à côté d'une prostituée qui attisent la vindicte populaire dans un langage de primates), c'est une respiration bienvenue. Encore que la manière dont le message est amené peut paraître à la fois grossière et condescendante. Mais ça fait tellement de bien, un film qui fait un gros doigt d'honneur au bon goût pour tirer à boulets rouges sur les travers de la société de consommation et du capitalisme.
D'autant que l'air de rien, le film revisite à sa manière La planète des singes, avec lequel il a beaucoup de points d'accroche. Et j'ai beaucoup de tendresse pour les dernières phrases que prononce la voix-off.
L'Amérique qui sait se moquer d'elle-même. C'est celle qu'on aime.