régulièrement vanté pour son aspect prophétique, l'histoire de Joseph Bowers hibernatus sans histoire découvrant une humanité débile en sortant d'un sommeil de cinq siècles, le film de Mike Judge s'approche également les livres historiques de l'ancien testament.
le héros Joseph arrive dans un monde menacé de désertification et comme son homonyne, le Joseph de la genèse, il doit préparer ses contemporains à faire face à la pénurie de nourriture.
comme Joseph d'Egypte conseillait le pharaon, Joseph bowers conseille le président.
comme le Joseph d'Egypte il atterri en prison par erreur.
comme son homonyme leur faisait construire des silos pour entreposer les grains pendant la sécheresse et stocker la nourriture, Joseph "Joe" Bowers leur explique l'irrigation et la fonction de l'eau dans l'agriculture.
(bon je ne vais pas vous les spoiler tous mais vous voyez. )
c'est là que le sybollisme du nom est le plus appuyé, beaucoup plus clair dans la version originale, où "Bowers" est rapporte précisément à l'agriculture, tel le nom "Bauer", agriculteur en allemand.
en cela "idiocracy" ressemble au voyage d'un gars de la campagne pétri de bon sens découvrant les urbains déconnectés.
ou même sans le "nectés" on devrait dire d'ailleurs...
(voir agir ces idiots souligne par ricochet l'idiotie des autres sociétés post-apo du cinéma : le gaspillage d'essence dans "mad Max" étant très proche du gaspillage d'eau dans "idiocracy".
puisque l'essence est rare et chère pourquoi la bruler toute en roulant comme des malades ?
ou encore, puisqu'il n'y plus d'usines de munitions,
pourquoi tirer aussi vite et perdre toutes ses balles ?)
Joseph Bowers doit donc composer avec la débilité de ses nouveaux contemporains pour les sortir de la panade.
astuce : échouant à expliquer la photosynthèse, il leur assure que ce sont les plantes qui lui parlent et qui lui disent qu'elles préfèrent l'eau au soda,
dont ces bênets les arrosaient avec conviction.
il acquiert alors un statut de prophète remarquablement aisément (on pense à voltaire : "la religion est née quand le premier menteur a rencontré le premier idiot.") tout comme sa partenaire d'hibernation parvient à manipuler les hommes en vendant des relations sexuelles futures et hypothétiques contre de l'argent présent et réel.
(là aussi, avec quinze ans d'avance, très prophétique sur la manière dont onlyfans et consort exploitent la misère humaine.)
bref "Joe Bowers" essaye de sauver le monde (comme "Jack Bauer" dans la série 24 h, sans doute un hommage, vu le statut du film au USA) en utilisant son intelligence pour aider les gens à s'en sortir.
et c'est là justement que Darwin et sa grille de lecture est mis en échec.
parce que normalement, en évolutionnisme classique, quand une espèce animale est trop bête pour survivre ce n'est pas rendre service à la nature que de la maintenir en vie.
la règle qu'il faut "la laisser crever pour qu'une meilleure prenne sa place" est de celle par laquelle darwinisme et capitalisme se sont renforcé mutuellement.
la loi de la jungle devait devenir la loi des sociétés.
or ici, sans trop spoiler, on a droit a une tentative de happy end proche de celle de "l'invention du mensonge" de Rick gervais.
d'ailleurs, l'optimisme et la légereté sont étonnement présents dans toute l'histoire, notemment quand on compare aux productions "post apocalyptiques" classiques.
c'est bien plus marrant de voir l'humanité crever de paresse le cul vissé sur ses chiottes hypnotisée par les écrans que de voir les derniers hommes s'entretuer sur un air épique.
c'est pourquoi je pense qu'on s'y trompe en voulant voir dans "idiocratie" un manifeste de darwinisme \ malthusianisme \ écologisme bas-du-front : "empêchons les idiots de faire trop d'enfants et de peupler la terre d'autres idiots."
c'est plutôt "lisez des livres" (comme le dit Joe Bowers dans la version française sur le même air que l'idiot "mangez des pommes".) plantez des plantes à fruits et faites des enfants.
ne dit-on pas que tout homme devrait dans sa vie faire un enfant
planter un arbre et écrire un livre ?
que demander de plus serieux, que demande le peuple ?
ah oui, ils n'ont pas d'eau potable...
ben qu'ils boivent du soda.