un film à montrer à ceux qui ne voient pas comment on est passé de la gauche révolutionnaire à la gauche libertaire. (et encore s'ils ont plus de 21 ans...)
c'est qu'on peut ici contempler merveilleursement le continuum entre l'appropriation d'un bien d'autrui et le viol du corps d'autrui.
dans la "république" de Platon la mise en commun des biens concernait aussi les biens que sont les corps des femmes. en cela la génération qui voulait interdire d'interdire était très cohérente.
nous suivons ici les déambulations de deux "héros" de cette idéologie transgressive.
oui bien sûr un tel matériau vieillit mal vu le rythme effréné de la révolution sexuelle.
on voit bien aujourd'hui qu'il ne passerai ni le test de bechnel ni la vivisection de René Girard sur la violence de plus en plus visible.
on voit bien qu'il fait du vol de voiture ce que "c'est arrivé près de chez vous" fait du meurtre...
on voit bien que Depardieu, étant entendu tous les ragots à son sujet, ne "joue" peut être pas vraiment un rôle de composition mais se laisse filmer et diriger par un plus grand que lui...
et c'est justement par respect pour l'oeuvre de Bertrand Blier je vais essayer de trouver des qualités à ce truc.
déjà un point positif, apparaissant 50 ans aprés sa sortie, est... son anti racisme.
l'absence total de noirs ou de gris à l'écran rappelle aux nostalgiques que la France "d'avant" n'était pas excempte des crimes et délits qu'ils attribuent aujourd'hui à des éthnies précises...
quand le personnage de Depardieu contemple la foule qui veut le mettre en prison et dit "pas de doute on est bien en France.", il ne parle là même pas de leur racisme supposé mais de la tendance à la délation, cf lieu commun classique des heures-les-plus-sombres.
car évidemment c'est très "sombre" et très "collabo" de vouloir mettre les voleurs en prison...
ben oui, ai-je précisé qu'un film bien pensant peut
se permettre d'insulter son public, pensant "mal" ?
ensuite on a la décence positivement majestueuse des victimes de nos deux violeurs.
il y a plus dans un seul regard de ces pauvres proies que dans toute la posture de ces prédateurs alphas.
le casting féminin réussi y est pour beaucoup, encore que je soupçonne malheureusement certaines de ne pas que "jouer" là aussi, mais de s'appuyer sur une expérience personnelle.
sans elles et leur touche de réalisme charnel on aurait dans ces valseuses
que des situations incohérentes et une totale illogique dans les réactions.
tu couches ? pan, prends ça dans la tronche !
tu ne couches pas ? pan, prends ça dans la gueule !
t'as bien aimé ça ? paaan !
t'as pas aimé ? paaaaaan !
"et vous vous étonnez que vos comédies s'éxportent mal !"
comme dit Léo Dicaprio aux deux français dans "the beach"
non sérieux tant qu'à vouloir montrer une sociologie autant faire un documentaire. au moins les actions des protagonistes aurait une logique. parce que là, l'aspect comédie, il faut le chercher...
et last point positif, les décors, car ils sont naturels.
les plans de plein air (moins chers à faire j'imagine.) respirent une France extra large.
une France ou les road movies, même sans but, n'avaient rien à envier à la route 66...
une France où on voulait venir pour y vivre.
Henri Salvador, Aznavour, même Goldman ("on partira de nuit, on suivra l'autoroute, on ira...) n' étaient pas d'origine française, mais pour eux encore, c'était le pays de la liberté.
désormais nos rêves sont étroits.
sur cette scène de l'affiche tenez.
ça ne se voit pas sur la photo, mais dans cette scène, on entend plein d'oiseaux.
aujourd'hui la folie des hommes nous a offert ce "printemps silencieux" à la poésie absente...
mais alors, où est passée cette poésie, bordel
après cette libération sexuelle à sens unique ?
vraiment, Bernard Blier aurait-il voulu critiquer le mouvement de libération des jouisseurs, il ne s'y serait pas pris autrement. ses valseuses font aux hommes ce que "calmos" fait aux femmes.
encore un réactionnaire qui s'ignore.
la vérité parfois cela fait mal (au cul).