Une ville fameuse du middle west est bâtie autour du tertre d’une marmotte. Le terrier fait face au soleil levant et les légendes liées au bestiau remontent aux indiens d’autrefois.
La marmotte, puisque c’est ainsi que l’animal a été baptisé dans la version française, a coutume de sortir de son hibernation le 2 février. cette fête de la purification pour les catholiques (40 jours aprés la fête de la nativité) qui est aussi appelée de la chandeleur en France.
A ce moment les habitants se pressent autour observer sa réaction face au soleil levant. Car comme chez nous l’hirondelle, ici c’est le comportement de la marmotte qui décide de la fin ou du prolongement de l’hivers. Bill Murray est un journaliste désabusé envoyé commenter l’évenement. Or on sait que dans les comédies romantiques ce sont les plus grognons qu’on veut voir s’attendrir, dans les films religieux, ce sont les incroyants que frappent les miracles.
Et de fait l’hivers se retrouve à se prolonger, mais pour lui seul, le condamnant à se réveiller désormais chaque matin dans sa chambre d’hôtel au son de la même musique à la même heure. Il entreprend alors de chercher la voie pour sortir de la boucle par tous les moyens.
Et alors vraiment tout y passe : se tuer, tuer la marmotte, se tuer dans une accident de voiture en tuant la marmotte kidnappée. le tout avec le même air blasé que traine notre Murray de film en film. Il y a de l’humour british en Murray, tant l’humour noir et l’absence de grimace simiesque sont contrebalancés par le comportement borderline, l’ironie grinçante et le comique de situation.
Hivers forcé oblige, une tempête de neige a bloqué la sortie de la ville, certes provisoirement, mais pour notre héros sans lendemain, cet état a tout d’une permanence. « le moustique qui ne vit que trois jours pense que l’été est éternel. »(Stanislas Lem) l’unité contrainte de temps se double donc d’une unité d’espace. Les éléments du drame sont en place.
Ah oui, la belle, que requiert le drame amoureux. Andy mac Dowell, miss météo concurrente de Bill et coincée dans la même ville, est aussi solaire et chaleureuse que lui demeure lunaire et glacial. Riche idée de les opposer ainsi sur la base du climat en soulignant le temps qu’il fait dans leur cœurs. Elle aime les lacs, le romantisme et la poésie française, l’italienne dans la vf.
Curieuse traduction je dois dire... Citez-moi une seule « poésie italienne » qui parle de boucle temporelle... Alors qu’en français on en a plein depuis « sous le pont mirabeau » d'appollinaire jusqu'au génial « le facteur » d'andrevon.
bref, Andy aime la poésie française et n'est pas sotte, pour une fois. elle entreprend de rester avec le héros et de voir ce qui se passe à minuit. spolier : rien alors elle pense ce que toute fille penserait : il a tout inventé pour que je passe la nuit dans sa chambre.
sauf qu'en fait c'est au matin que la boucle repart. phil connors devra revivre cette histoire de séduction jusqu'à faire d'une passade quelque chose de durable. on pense à "eternal sunshine" ou à tout film ou la solidité de l'amour tient à la mémoire et à la sauvegarde de celle-ci.
la clef donnée tout au bout, mais aussi tout au long, de l'histoire puisqu'on fini pas remarquer que la chanson au début de chaque boucle est "i got you babe" : je t'ai eu ma jolie.
(oui moi aussi je sais être lost in translation comme Murray) donc il suffisait de réussir à se faire aimer pour lever la malédiction. mieux que la mièvrerie de Disney avec l'insupportable waston, ce film modeste est donc la version moderne de "la belle et la bête", l'histoire d'un homme prisonnier de son égoisme qui doit s'en évader par l'amour. et contrairement aux contes, c'est la princesse qui sauve le prince, comme dans bien des couples qui repose sur la bonne volonté de la femme. alors, comme le conseille orgon dans le jeu de l'amour et du hazard "tâchez de vous aimer un peu, avant de vous marier." ou, pour paraphraser "tachez d'être aimable avec votre dame cela, peut vous sauver la vie".