J'ai été patiente avec ce film. J'ai attendu que la liberté sexuelle soit montrée sous un prisme autre que celui de l'intimidation et de la culture du viol. J'ai attendu que l'humour soit moins potache, se diversifie, s'affine. J'ai attendu que les thèmes abordés par le film se multiplient pour justifier sa pérennité et son statut de "film culte". J'ai attendu l'œuvre mature et rafraichissante dont on m'avait parlé.
Mais les situations s'enchaînaient, toujours aussi gênantes. "Bah je bande plus" Regard de prédateur, misère sexuelle. Moi non plus, ce qu'il se passe à l'écran ne me fait pas bander.
Là où Harold et Maude, trois ans auparavant, montre la libération sexuelle selon le biais de la tolérance avec l'histoire d'amour d'un adolescent et d'une femme de 80 ans, Les Valseuses lance "On va quand même pas se taper une vioc".
"C'est pas la peine de faire tant de simagrées, si vous voulez me baiser allez-y", la résignation ne trouve pas grâce aux yeux de Pierrot. Frustré, incapable d'exercer sa violence sur une proie auto-déclarée, il met une gifle à Marie-Ange, qui en plus de se faire violer à maintes reprises devrait exprimer un plaisir ostensible, pour rassurer les hommes dans leur virilité. On espère que ce soit du second degré pour moquer la vanité masculine, et après on réalise que ces espoirs sont trop beaux pour être vrais. Summum de la subtilité ; la traversée de l'écluse par les deux acteurs, avec en fond sonore les premiers cris de jouissance de Marie-Ange.
L'insolence, la voracité, la cruauté, l'insouciance, sont probablement autant d'aspects de la personnalité des héros qui ont séduit le public, si on en croit la note du film sur Senscritique.
"Nos coeurs sont des affamés. Notre esprit ne connait pas le repos. La vie est belle à proportion qu'elle est féroce, comme nos proies." disait Quignard. L'idée du film s'y retrouve, cette férocité de l'élan vital n'est pas nouvelle, mais est représentée avec une surenchère que je trouve vaine et désolante.