...Un extrait choisi, en guise de titre, pour le thriller politique de Paolo Sorrentino. Quel plaisir de cinéma, même si l'ambiance n'est pas aussi réjouissante que "La Grande Bellezza".
De l'histoire finalement on ne saura rien ou presque, déjà parce-que "Il Divo", a toujours été soupçonné, sera finalement lâché de tous et accusé mais finira relaxé - fautes de preuves (?) ...et que l'intrigue retrace plutôt la fin de la grande époque de Giulio Andreotti, pour un portrait de l'homme, député démocrate-chrétien dès 1946, et figure de l'histoire de l'Italie, durant plus de 50 ans...Est-il le monstre avide de pouvoir et prêt à tout ou est-il un homme courageux traversant l'adversité et persécuté ? Alternant des moments de vie commune avec son épouse ou jouant sur son verbe sans concession, l'homme nous est rendu à la fois implacable et humaniste.
De la faune qui gravite autour de cet homme rigide, on navigue dans la corruption d'hier qui peut être celle d'aujourdhui. Nombre de personnages parsèment l'intrigue à la limite de l'overdose : hommes politiques, conseillers, banquiers, hommes d'Eglise, Mafia, passant des accords pour le moins opaques. De la mort d'Aldo Moro, à l'implication des Brigades Rouges... de ses maux de têtes à sa secrétaire ou encore à la présence épisodique d'une femme mystérieuse....Le film est un mystère théâtral.
L'intérêt se situe encore dans une mise en scène réussie, jouant sur les décors de grands palaces, les oeuvres d'art, les silences et accès de folies musicales. Les décors géométriques de ces grands appartements luxueux accentuent le chemin labyrinthique qu'est la politique ; les couloirs où l'homme déambule dans le noir, nous plonge facilement dans sa solitude et les jeux d'ombres et lumière confirment l'esthétisme du metteur en scène. Le dynamisme de l'ensemble et la maîtrise de la narration, permettent de suivre un film relativement long, contenant un certain nombre d'information, qui reste prenant grâce aussi à tous les acteurs, criants de vérité.
Certaines voix sourdes à la Corléone, pour un clin d'oeil à De Palma, et quelques fusillades impressionnantes, rapides et violentes, qui réussissent à déranger fortement par ce qu'elles impliquent de ces "arrangements", d'autant plus que le film ne joue pas sur la violence pure. Les situations caricaturales nous plongent dans la corruption de cette Italie avec des dialogues toujours fins, jouant de métaphores humoristiques et parfois dangereuses... pour celui qui les entend...
Les situations décalées nous rappellent bien le cinéma de Sorrentino. On y retrouve ses travellings, ralentis, ou encore quelques cadrages par arrêt sur image, figeant une expression, à l'image de l'homme, tout en immobilisme et inexpressivité, où parfois dans un moment d'égarement, un léger sourire se formera sur son visage fermé le révélant mélancolique, et nous rend perplexe ! La sobriété ambiante renforce l'idée d'être dans la "confidence".
Mais quel plaisir ! La musique reprend une place d'importance en alternant des morceaux rock et classiques, pour terminer par une touche dynamique avec le morceau "Da Da Da" de Trio, grâce auquel on lira tout le générique final complet...