Du rire, des larmes et de la bière jusqu'à plus soif, ni sommeil : bienvenue chez Thomas le trentenaire barbu et bedonnant reclus dans sa caravane, accueillant le temps d'un moyen les meilleurs amis de l'humanité répondant au nom de Chiens de Navarre...
Au fil des soirées le zig et ses potos discutent à bâtons rompus, refont le monde en secret autour d'une farandole de binouzes, s'extasient devant le strip-tease d'une femme malicieusement âgée mais de forte trempe, s'agacent au sujet d'un anniversaire jugé volontairement déplacé par l'intéressé ou organisent des bras de fer entre deux gorgées de mousse... C'est simple, souvent jubilatoire mais aussi tendre avec, par et pour ses comédiens, d'une liberté folle malgré sa mise en boîte indubitablement approximative voire bâclée.
Ledit moyen métrage est de ces films redonnant irrémédiablement goût à la vie et aux rencontres, traversé par une poésie freak et un humour burlesque entièrement assumés par Jean-Christophe Meurisse et sa bande d'interprètes : entre Carmen la pétillante, Thibault l'érudit au sang chaud, Céline la blonde ergotant sur son plaisir utérin ou encore Nicolas le sentimental écorché vif cette pépite de cinéma, fondée sur une improvisation toute en justesse et toute en amicalité, redonne résolument du poil de la bête.
Il est des nôtres se décline en une succession de saynètes à prendre ou à laisser, chacune pouvant presque être appréciée indépendamment l'une par rapport aux autres. En parfait film de décalage il montre la mort, la violence et la noirceur humaine comme des gestes tout aussi désinvoltes qu'une caresse, qu'une maladresse comique ou qu'un doux baiser de cinéma, suggérant l'idée que le rire et le sentiment de peur fonctionnent assurément sur des bases émotionnelles voisines et - de fait - réciproques. Un vrai délice à revoir inlassablement.