Réalisé par Steven Spielberg et sorti en 1998, Il faut sauver le soldat Ryan très librement inspiré de l'histoire des frères Niland, nous raconte donc l'histoire d'une escouade chargée de retrouver James Francis Ryan ayant perdu ses 3 frères au combat et doit être rapatrié sur le champ. Le film est aujourd'hui LA référence du film de guerre et pour plusieurs raisons qui seront citées sous différentes sections, tant il y a des choses à dire.
CASTING
Le casting est du niveau 5 étoiles, très rarement un film a pu réunir un casting où les acteurs correspondent autant aux rôles et qu'il y ait autant d'alchimie entre chacun des interprètes. Tom Hanks, Barry Pepper, Adam Goldberg, Giovanni Ribisi, Edward Burns, Tom Sizemore, Jeremy Davies et Vin Diesel forment le casting que tout le monde rêve d'avoir. Chacun des acteurs ont compris leurs personnages, ils sont attachants, drôles, énervants par moments, leur crédibilité se fait de la première seconde à la dernière seconde. Même avec les rôles tertiaires, à savoir Nathan Fillion en tant que James Frederick Ryan ou bien Bryan Cranston en tant que Colonel Bryce sont parfaits. Matt Damon qui apparaît à la fin du film est parfait dans son rôle et ceci me permet de faire une parfaite transition avec la section des personnages.
PERSONNAGES
Bien sûr, des acteurs ne sauraient être bons si leurs personnages n'étaient pas définis. On a de tout, le professeur qui se sent coupable de la mort de ses hommes et se développe en une maladie de Parkinson, le soldat juif qui venge les siens, les personnages qui remettent en question le but de leur mission, est-ce que la vit d'un homme vaut celle de huit, est-ce que je dois vraiment le tuer, est-ce qu'en sauvant un homme cela permettra d'en sauver des milliers, etc... on a leur background nécessaire que cela concerne leurs familles ou vies professionnelles, ils ont tous des personnalités bien différentes et bien définies, ce ne sont pas des supers soldats qui vont réaliser une mission impossible, ce sont 8 soldats quelconques qui vont réaliser une mission foupoudav et on a peur pour eux.
Les dialogues sont d'une incroyable justesse, chaque personnalité est là pour contrebalancer l'autre, même celui de Matt Damon qui apparaît dans le dernier acte du film est attachant. Comment il est attachant ? Parce qu'il nous fait rire avec les histoires autour de ses frères, parce qu'il a perdu ses frères et tout simplement parce qu'il incarne l'objectif de la mission pour laquelle nos personnages se sont battus et ont tant perdus.
REALISATION
Dans la critique de 1917, je disais que l'exceptionnel était banalisé, ce qui rendait ce banal exceptionnel aux yeux du spectateur. C'est un peu alambiqué, je ne voyais pas comment l'écrire autrement, mais je vais m'expliquer : Sur la fameuse scène du débarquement, en arrière plan on voit un soldat chercher son autre bras avec un tel détachement que c'est presque comme si c'était normal. Ils tuent parce qu'ils y sont habitués, et ils s'en foutent.
Lorsqu'ils cherchent le nom Ryan sur les plaques, ils lisent les plaques des soldats morts avec un tel détachement, parce qu'ils le vivent tous les jours, ils en font même des blagues parce que ce ne sont plus que des noms pour eux. Il y a un réalisme impressionnant qui en ressort et il se lit dans les décors, dans les dialogues, dans le jeu d'acteur, mais il y a aussi une scène qui reflète bien toute la beauté de ce film, le moment où Miller et les autres soldats parlent de tout et de rien, on entend la guerre en fond et ils s'en foutent, pas un tremblement, pas une inquiétude, rien. Il est même souligné qu'un des soldats s'endort très vite comme s'il ne ressentait aucune culpabilité. Après ceci, Tom Hanks est couvert par la lumière de la guerre, démontrant que celui-ci est bel et bien hanté. Le tout est montré d'une manière crue pourtant réelle, il n'y a pas de bons ou mauvais soldats, il n'y a que des hommes avec une mission.
Il est aussi intéressant de noter que le débarquement est principalement filmé à la caméra à l'épaule, donnant à tout ceci un aspect documentaire, renforçant ainsi le réalisme.
ECRITURE
Rarement une écriture de scénario aura autant mérité une section. J'en ai déjà parlé plus haut en ce qui concerne les personnages, mais je vais profiter de cette section pour m'arrêter sur les dialogues. Tout arrive à point nommé, les dialogues sont justes, les combats moraux aussi, on nous parle de choses qui nous paraissent anodines aux premiers abords mais qui vont finalement avoir un impact sur le scénario, comme le pari autour du Capitaine Miller qui apaisera les tensions par la suite, chaque ligne fait avancer l'histoire, que cela fasse avancer les personnages, que cela soit des stratégies de guerre, que ce soit des débats autour duquel les spectateurs peuvent réfléchir, et l'écriture permet de ressentir cette fraternité entre les soldats par le biais de petites blagues et de détachement vis-à-vis de la guerre qu'ils sont entrain de vivre.
MESSAGES
Il faut sauver le soldat Ryan apporte donc plusieurs questionnements et messages : est-ce que la vie d'un homme en vaut huit, perdons nous notre humanité à la guerre, nos actions ont des conséquences à l'image du soldat qui va faire les 1000 pas et va par la suite tuer Mellish, puis sera épargné par Upham et va par la suite tuer Miller. Devons nous tuer pour être un vrai soldat, mérite ton retour à la maison, suis les ordres même si ils n'ont pas grand sens pour le moment, ils en auront par la suite, et ne pas hésiter à « appuyer sur la détente » (métaphoriquement bien entendu).
CONCLUSION
Il faut sauver le soldat Ryan mérite donc sa reconnaissance actuelle, le film n'a absolument pas vieilli, tout fonctionne, malgré le côté hyper américain les messages de Spielberg méritent questionnements et réflexions, les acteurs sont exceptionnels, on a une écriture aux petits oignons, des personnages pour lesquels nous avons peur, trois heures de film bien remplies où l'on bascule entre l'action et le drame, le calme et la tempête, sans tomber dans du too much. Les différents choix de réalisation sont bons, aucunes scènes de ce film n'ont été égalées, la scène du débarquement est un exemple de réalisation, le film tient une justesse parfaite. J'ai passé du temps à chercher des défauts à ce film parce que au final mon 8/10 ne se fait que sur du ressenti plus que sur des défauts réels, je vous recommande donc de voir ou revoir ce film qui est le meilleur film de guerre et tout simplement l'un des meilleurs films.