J'avais besoin de me rafraîchir la mémoire sur ce film. N'était-ce qu'un N-ième film de Spielberg, la machine a film, qui n'a plus besoin de faire des bons films pour remplir les salle ?
Plus besoin de conter les mérites de la scène du débarquement. Immersion garantie ou remboursée ! Cette première partie est d'une intensité remarquable. Je regrette cependant la suite des aventures un peu mollassonne agrémentée de quelques plaisantes escarmouches. Ce "milieu" de film était pourtant propice à l'étoffage des personnages du commando Ryan que je n'arrive pas plus à apprécier à la fin qu'au tout début de ce film. Entre Upham le couard, Reiben le beau gosse rebelle, Jackson le tireur d'élite arrogant, l'insipide Mellish et Cie, ya plus grand monde pour plaire. En 2h40 de film on n'apprend pas grand chose sur le capitaine Miller (Tom Hanks) mis à part qu'il est instituteur et qu'il a la main qui tremble (si vous n'avez pas encore vu le film, je viens de vous donner la réponse pour gagner la cognote). Il a néanmoins du charisme, c'est lui qui tient la baraque sous ses airs d'homme ordinaire qui ne sait pas vraiment ce qu'il fout ici, mais qui le fait quand même.
Le point fort de Spielberg, que je retrouve dans d'autres de ses réalisation, c'est ça capacité a retranscrire sur écran des moments intenses. Dans le soldat Ryan, je parle bien sur des scènes de combat. Les scène de bataille sont, encore une fois d'une immersion impressionnante et c'est là la force du film et de Spielberg. Peu de plans larges, seulement des fragments de combats, la guerre comme si vous étiez un soldat. Les sons du films participent presque autant au conditionnement du spectateur que les images : on sursaute, on a peur : le vrombissement des chars, une explosion, une balle qui siffle, à gauche, à droite, des cris... ça envoie !
Quand au fond dans l'ensemble, on n'a pas le droit aux méchants nazis contre les gentils américains, seulement des hommes en uniforme qui se battent, la guerre quoi. Ça a certes le bon goût de ne pas tomber dans le manichéen mais le mauvais de sombrer dans le patriotisme subliminal. Le fil conducteur pour rappel c'est bien de chercher le soldat Ryan pour le ramener auprès de sa mère éplorée qui pleurera bien moins ses fils morts si le petit Ryan revient (merci a la dévouée dactylo américaine à l'origine de l'affaire). Mais bon vous voyez bien, les valeurs familiales, la patrie, la fraternité... c'est des choses qu'elle doit bien aimer la ménagère américaine.
On notera donc que l'objet du film n'est pas la lutte contre le nazisme, non plus le sauvetage de la France car on ne verra que 3 français en tout. Et je ne dit pas ça par ce que ça me fait plaisir de voir des français dans des films mais parce que le but du débarquement à la base, c'est de libérer la France du joug de la dictature fasciste, puis par extension, de sauver les monde (donc ya matière à faire quelque chose). Mais l'objet n'est pas celui là et le titre est là pour nous le rappeler : "il faut sauver le soldat Ryan". Les Américains sont là pour sauver UN type, un fils, un brave petit. C'est une belle cause dira-t-on, ça plaira bien à la ménagère (c'est d’ailleurs elle, la ménagère qui a nominé la film pour l'oscar du meilleur scénario). Il y a quelques autres tics hollywoodiens déplaisants, des dialogues dont on se passerait bien , des plans qui font un peu trop " allez les gars on fait une pause de beau gosse pour la photo", Ajoutons à cela quelques réflexions au ras des pâquerettes sur l'étique de la guerre et vous obtenez un film qu'il faut quand même avoir vu, pour le spectacle.