Il Gatto Dagli Occhi di Giada n'est pas qu'un exercice périlleux de prononciation c'est aussi le titre d'un giallo tardif et méconnu de 1977 réalisé par Antonio Bido. Bien après les vagues successives et les différentes lames du genre allant de Bava à Argento, le réalisateur signait ici son prometteur tout premier alors que le genre était déjà largement sur le déclin.
Dans Il Gatto Dagli Occhi di Giada aussi appelé Watch Me When i Kill ou The Cat's Victims nous plonge dans une intrigue autour d'une jeune femme témoin bien involontaire du meurtre d'un pharmacien. Le tueur craignant d'être démasqué tente alors d'assassiner la jeune femme qui trouve refuge chez son petit ami lequel va se lancer dans une enquête globale sans avertir la police. Les meurtres se multiplient autour d'une mécanique ressemblant à une vengance.
Il Gatto Dagli Occhi di Giada est un bon petit giallo qui souffre essentiellement d'une écriture qui peine un peu à mettre en place ses enjeux et ses personnages. Durant un petit moment on ne comprend pas trop qui est qui et qui fait quoi au cœur d'une intrigue qui manque de véritables enjeux parfaitement exposés et de suspens. Mais doucement l'intrigue prend corps et l'aspect purement thriller devient plus important à mesure que le personnage s'enfonce dans sa quête de vérité jusqu'à un final aussi cohérent que sombre et dramatique. Même si il utilise les vieilles méthodes et les codes du genre avec vue subjective du tueur, meurtres à l'arme blanche, milieu bourgeois et intrigue tortueuse, Antonio Bido parvient tout de même à surprendre, voir à amuser truffant son film d'idées plutôt sympathiques et originales. Je retiendrai une certaine dose d'humour noir avec le meurtre assez singulier d'une ménagère avec la tête dans le four mais aussi un humour plus direct lorsque une jeune femme propose à un conducteur peu sûr de lui de sortir sa voiture d'un stationnement délicat sans la rayer pour ensuite la fracasser de toutes parts en étant attaqué par le tueur. Comme tout bon giallo qui se respecte le film n'est pas dénué d'érotisme gratuit avec un meurtre dans une baignoire nous offrant le traditionnel plan nichons, sauf que volontairement ou pas Antonio Bido détourne complétement cette séquence un peu cliché en mettant dans la baignoire un vieil homme maigrichon et blanc comme un cul, ce qui personnellement m'aura beaucoup fait rire. Sur un registre plus sérieux le film trouvera dans la résolution de son intrigue une dimension plutôt rare dans l'univers du giallo. La mise en scène de Bido est plutôt élégante, tendu et efficace et le film est souvent sublimé par l'excellente bande originale du film signée Trans Europa Express aux mélodies entêtantes dignes des meilleures musiques des Goblins.
Il Gatto Dagli Occhi di Giada ne s'est pas inscrit dans la grande histoire du giallo aux côtés des plus emblématiques œuvres du genre. Mais de l'autre côté de la pièce et dans l'ombre des géants le film de Antonio Bido mérite sans doute d'être redécouvert surtout si vous kiffez les vieux maigrichons tout nu.