"He Walked by Night" ne correspond pas vraiment à l'archétype du film noir mais il en contient malgré tout à la fois ce qui en fait le grand charme et ce qui en constitue la principale limitation. La première chose qui frappe quand on entre dans le film, c'est cette façon de décrire le contexte avec une narration en voix off à vocation simili documentaire, typique de nombreux autres films noirs de l'époque, insistant sur le fait qu'il s'agit d'un film inspiré d'un fait divers et sur la description minutieuse des détails de l'enquête. Et ici le cadre sera vite posé, avec les rues de Los Angeles, l'assassinat d'un policier par un inconnu, l'avancement de l'enquête, et la mise en place d'une chasse à l'homme en agrégeant les informations de plusieurs sources. Cette structure est très austère vue d'aujourd'hui, car l'approche semi-documentaire a développé un sens suranné très poussé avec le temps. Et en marge de ces aspects techniques, le portrait trop flatteur fait de la police, intègre, rigoureuse, méthodique, impartiale, dotée d'un sens moral aigu, relève plus du panégyrique béat qu'autre chose et constitue, à ce titre, un petit côté comique incongru dans l'espace d'un thriller archi-noir.


Malgré tout, le récit de la traque n'est pas dénué d'intérêt car le criminel (Richard Baseheart) nous est décrit par petites touches successives, à mesure que l'étau se resserre, sa personnalité devient plus précise, son passif aussi (un ancien militaire qui connaît donc les méthodes de la maison, légitimant son habileté). On peut aussi compter sur l'âpreté du cinéma policier de l'époque, avec des exécutions sèches filmées au creux de décors noirs bénéficiant d'un éclairage saillant qui comblera l'œil des amateurs du genre. Quelques séquences se détachent du reste — celles qui se passe dans les égouts et notamment la dernière course-poursuite très prenante —, quelques sous-entendus aussi (la relation entre le personnage principal et l'homme à qui il refile du matériel électronique spécialisé est on ne peut plus trouble), participent à l'élaboration d'un personnage solitaire menacé et menaçant assez bien foutu. Il y a en contrepartie beaucoup de séquences vieillottes bien trop longues, à l'image de la composition soporifique du portrait-robot, le côté irréprochable du sens de la justice des policiers à ses trousses, le final abrupt se refermant sur une exécution sans trop se poser de questions... Il faut donc trier, mais il y a de jolis morceaux dedans.

Morrinson
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le 25 mars 2024

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Morrinson

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