Quelque part entre une coloration britannique du film noir américain et une reprise des tendances du réalisme poétique à la française, "Il pleut toujours le dimanche" est une intéressante peinture de l'Angleterre de l'immédiat après-guerre proposée par Robert Hamer, principalement connu pour le très bon "Noblesse oblige". Si le film noir irrigue un peu l'ensemble du long-métrage, la description du quotidien de cette femme chez qui un évadé de prison trouve refuge conduit à une sorte de chronique sociale à une époque un peu particulière, pour se terminer dans le tout dernier quart d'heure sur des notes proches du polar — une longue course-poursuite qui traîne un peu trop et qui ne débouche pas sur un éclat d'amertume, par exemple.
La chronique sociale est alimentée par le fait que c'est un ancien amant qui débarque chez Rose, aujourd'hui mariée et mère de famille assez peu épanouie dans son foyer. L'occasion de décrire la vie de quartier, dans un coin populaire de East London, avec les compromissions des uns et des autres pour subsister dans cette période difficile de l'histoire. Hamer s'intéresse à la débrouille générale, comment tous les habitants, gamins et commerçants, s'arrangent pour mener une vie un peu moins miséreuse. Le suspense est maintenu à travers le jeu de cache-cache imposé par la présence d'un homme au foyer de cette femme mariée, qui ne cesse de cacher sa présence, ses affaires, et toute une série de détails un peu trop présents. En toile de fond, il y a l'enquête policière qui avance inexorablement, bien sûr, ainsi que la pègre locale qui tisse son réseau à la faveur du vol d'une cargaison de rollers qu'elle souhaite refourguer.
En grosso modo 24h, "Il pleut toujours le dimanche" s'intéresse à une famille prolétaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : un instantané assez peu enjoué de ce moment précis de l'histoire, mêlé aux souvenirs romantiques d'un passé idéalisé et à la frustration très pragmatique du présent.