Après l'habituel soupir d'exaspération à chaque annonce de biopics, je me suis tout de même renseigné sur l'histoire de ce mathématicien anglais atypique héros de l'ombre de la 2nd guerre mondiale produite par les nababs d'Hollywood, en l'occurrence les frangins Weinstein.
Pas besoin d'avoir dévoré le bouquin pour trouver l'histoire d'Alan Turing passionnante et faut l'admettre, destinée à prendre vie sur grand écran.
Pour commencer, je vais me faire le plaisir d'enfoncer une porte ouverte en rappeler l'une des maximes les plus pertinentes quand on parle de ciné : une grande histoire ne fait pas forcément un grand film.
Cette affirmation s'applique au résultat final qu'est "The Imitation Game", intéressant et efficace mais terriblement sage et académique.
Académique, un adjectif pas vraiment choisi au hasard tant ce film s'avère être conçu pour faire belle figure aux Oscars, cérémonie qui tient à coeur à la Weinstein Company.
Commençons par le positif : le film est rythmé, on suit avec un intérêt indéniable ce qu'il essaye tant bien que mal à nous montrer. Néanmoins, le récit n'approfondit que très rarement les facettes du personnage d'Alan Turing, que ce soit les flash-back sur son enfance ou bien son homosexualité traités de manière extrêmement maladroite.
On reste très clairement sur notre faim de ce côté-là, il en va de même pour l'élément majeur du scénario, en l'occurrence le déchiffrage du code employé par les Nazis via la machine Enigma dans le but de transmettre des messages compréhensibles exclusivement pour ses derniers. Là encore, on aurait aimé quelque chose de bien plus poussé, d'un peu moins simpliste qui aurait sans doute rendu bien plus hommage au génie qu'à nécessité le décryptage d'un tel mécanisme.
Le film est paradoxalement assez bavard, donnant lieu à des joutes verbales bien senties entre Tywin Lannister et Sherlock, les sériephiles saisiront.
Citer Sherlock Holmes (rôle qui a rendu célèbre Benedict Cumberbatch) n'est d'ailleurs pas anodin de ma part, tant ce dernier et Alan Turing partage la même arrogance et le skill de la répartie toujours cinglante.
Pour en revenir à cette impression de film davantage pensé pour les remises de prix qu'autre chose, on peut également pointer du doigt la musique d'Alexandre Desplat bien pompeuse et aussi subtile qu'un Panzer. Bien loin de son travail raffiné sur "The Grand Budapest Hotel" du sympathique Wes Anderson.
Cela ajoute une accentuation parfois dérangeante à différentes scènes d'un film qui n'a justement pas assez de profondeur pour que cette musique soit efficace.
The Imitation Game n'est donc pas loin d'être une déception malgré son bon casting et son rythme qui ne flanche pas, deux qualités cependant pas suffisantes pour en faire un film marquant...
Attaque gratuite pour finir, je pense que même Alan Turing n'aurait pas pu déchiffrer la raison pour laquelle le réalisateur du film est passé devant le petit cinéaste amateur qu'est Fincher cette année pour l'oscar du meilleur réalisateur, juste incompréhensible.