En route pour les oscars...
C'est durant la Seconde Guerre mondiale qu'Alan Turing a participé à la conception d'une machine pouvant craquer les codes d'Enigma. Brillant mathématicien et informaticien britannique, il aura grandement participé à l'évolution de la science informatique et de la programmation mais connu une terrible chute dans un pays où l'homosexualité était un crime dans les années 1950... avant de n'être que gracié à titre posthume en 2013...
Dès les premières secondes du film la mention "based on a true story" est clairement indiquée, label devenu un bon d'entrée pour les oscars et l'impression que le film a été conçu dans ce but n'est jamais loin. Et malheureusement "The imitation Game" tombe dans les défauts du genre, à savoir de tout miser sur le parcours extraordinaire d'Alan Turning, bien mettre en avant ses faits et exploits pour mieux jouer sur la cruauté et l'injustice lié à son sort, le tout tombant dans le pathos et le démonstratif peinant à bien retranscrire l'émotion tant c'est sur-appuyé.
Il est bien là le problème, le sujet est vraiment intéressant et Morten Tyldum aborde beaucoup de thématiques mais en restant à l'extérieur et sans jamais les approfondir, à l'image de la personnalité complexe de Turning ou même du test qui donne le nom au film, vaguement évoqué lors d'un interrogatoire. Il braque sa caméra sur lui sans le lâcher, mettant en avant une personnalité intelligente, solitaire et renfermé mais n'aborde jamais vraiment le personnage en profondeur, se contentant d'évoquer des faits de vies et de le mettre à l'oeuvre dans sa démarche pour contrer l'Enigma et sa relation avec une de ses partenaires pour vaincre la machine allemande, préférant axer son film sur le mélo.
La galerie de personnages tournants autour de lui a aussi du mal à être rendue intéressante tellement tout semble faux et exagéré malgré une reconstitution réussie. Il se permet aussi quelques touches de légèretés, jouant régulièrement sur le décalage entre Alan Turing et les personnages qu'il côtoie. Morten Tyldum est aussi maladroit dans la façon dont il gère les flash-back et ellipses (surtout la fin, lorsqu'il passe directement de la fin de la guerre au début des années 1950). Même les acteurs ont du mal à rattraper le tout, souvent desservi par l'écriture de leur personnage dont Benedict Cumberbatch se contentant de faire une "prestation" qui manque de complexité et de présence. Seul le sujet et les enjeux font que le film reste un minimum intéressant, mais que c'est mal traité...
Finalement une grande déception tant j'attendais de ce film par son sujet fort intéressant (moi-même étudiant dans ce domaine-là) mais qui n'aborde jamais réellement la complexité de Turning ni les thématiques autour des mathématiques, de l'informatique, du progrès scientifique ou de la guerre... juste un mélo fait pour les oscars, tombant dans les pièges du genre et manquant cruellement d'émotions.