Avec ce genre de sujet brûlant, pour un peu que le spectateur soit doté d'une nature humaniste : ce dernier va attendre beaucoup d'un film comme "Immigration Game". Ce film est-il victime des ambitions politico-sociales supposées par son canevas de départ ?
Probablement que oui. Car comme de nombreux spectateurs, j'ai regardé ce film en attendant qu'il porte haut et fort un discours humaniste et qu'il condamne le schisme nord/sud qui défigure depuis trop longtemps notre planète. Et comme je suis une consommatrice exigeante, je voulais que la forme soit à la hauteur du fond, c'est à dire avec une signature esthétique aussi pointue que son sujet.
Et me voilà devant la réalité : un scénario qui peine a nous immerger dans son univers d'anticipation, une mise en scène moyennement fluide quand elle n'est pas simplement illisible (l'avant-dernière scène par exemple), des dialogues explicatifs ou au mieux insipides, un scénario dépourvu de climax réels, une réalisation rigide sans fluidité ni nervosité, un découpage et un montage trop laborieux, des scènes de combats sans aucune tension. Résultat : le tout finit par ressembler au brouillon d'une très bonne idée mis entre les mains d'une équipe qui n'a peut-être pas les moyens de ses ambitions.
Mais il serait, tout de même, dommage de ne pas voir ce film et cela malgré tout ses défauts. Car c'est un acte signifiant de soutenir des auteurs qui prennent pour thème un sujet aussi sensible que l'immigration. Quelle est la question que soulève maladroitement ce "Immigration Game" : Voulons-nous devenir les complices stoïques d'une machine à fabriquer de l'injustice pour nous repaître du malheur et du sang de nos congénères cachés derrière nos écrans ?
La réponse ? Vous ne la trouverez pas en regardant ce film dont le propos sans nuance fait de la violence l'unique gagnant. En fait, la réponse vous appartient. Et quelle que soit la vôtre, elle aura forcément une incidence sur le monde qui nous entoure... ou presque.