Tout Est à Vendre
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Bof bof. J'ai vraiment du mal avec le cinéma de Ulrich. Que ce soit les docu ou les fictions.
Ici on est un peu à cheval entre les deux. Certaines scènes sont couvertes à la manière d'un documentaire, on suit les gens, on les voit faire des trucs. Il y a étude du mouvement. Et puis il y a des choses très fictionnalisées. Je ne doute pas que l'auteur ait pu s'inspirer de faits réels, mais ça ne fonctionne pas totalement même si ce sont les moments les plus intéressants du film. C'est-à-dire que l'autre est tellement le cul entre deux chaises tout du long que son récit pose des problèmes de crédibilité. Mais que le film soit pris comme un docu ou comme une fiction, le constat reste le même : c'est léger. Il ne se passe pas grand chose, les personnages sont creux, les relations rarement abordées et quand c'est le cas, le rapport est trop simple et trop vite expédié (comme s'il n'y avait pas d'autre rapport possible), les situations restent sans trop de conséquence, elles en deviennent décousues voire gratuites par rapport à l'ensemble. L'aspect documentaire n'explore pas grand chose non plus, on reste constamment sur sa faim. En fait, il en ressort l'impression que l'auteur a une vision très précise, des convictions si assumées qu'il ne prend jamais la peine de les remettre en cause, même pas pour après revenir victorieux à son hypothèse initiale. De ce fait, le film peine à se renouveler, semble s'étirer inutilement vers une fin aussi facile que non préparée (forcément, il ne fixe pas vraiment d'objectif principal) ; du coup, le film aurait pu s'arrêter après 20 minutes, le constat aurait été le même pour le spectateur. Aussi, le réalisateur apparaît comme quelqu'un si sûr de lui qu'il ne prend même pas la peine d'expliquer ce qu'il pense. Non pas que ce soit incompréhensible, juste qu'il fait des raccourcis, reste retranché sur ses positions et ne développe jamais rien.
Visuellement, on reconnaît la patte du cinéaste ; ses compositions sont toujours pareilles, lassantes de film en film. Je n'ai rien contre les réalisateurs qui ont un style reconnaissable (j'apprécie Wes Anderson par exemple), mais ici il n'y a jamais vraiment de remise en question de ce style et il en abuse constamment, peu importe ce qu'il doit raconter. Mais à partir du moment où il filme drame et comédie de la même manière, il crée un malaise, pas un malaise de situation comme on aimerait en ressentir (et qu'il voudrait provoquer) mais plutôt un malaise dû aux maladresses du cinéaste, incapable d'amener la moindre nuance, la moindre subtilité. En soi, ça reste des images humoristiques la plupart du temps, mais à force d'user du même stratagème constamment, on ne rit plus passé les 20 premières minutes.
Ce qui étonne, c'est le mélange de ces plans très construits avec des plans caméra épaule, qui rappellent davantage le documentaire. L'agencement de ces deux grammaires ne fonctionnent pas trop, à nouveau on se trouve face au sentiment d'avoir le cul entre deux chaises. C'est dommage parce que ces mouvements (tout comme ses compositions) sont maîtrisés techniquement parlant. Et ça rend son cinéma un peu plus dynamique.
Les acteurs sont bons. On sent que ce sont des amateurs, d'où l'impression renforcée d'être dans un docu par moment, mais ça ne dérange pas, ça ajoute du malaise (celui-là volontaire et félicitable car pertinent - sauf peut-être quand un second rôle se marre en faisant ce qu'on lui demande de faire...).
Bref, c'est un peu pauvre comme cinéma, ça ne dégage rien de très intéressant Les intentions du réalisateur étaient de faire connaître le dure vie en Ukraine, il l'a fait de manière un peu facile et misérabiliste, sans réelle piste pour une quelconque réflexion. Et puis c'est plat, c'est vide, il ne se passe pas grand chose, seules quelques situations et le travail esthétique permettent de tenir. C'est dommage.
Créée
le 16 juil. 2017
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