(Micro Critique Flash des parties 1 ET 2 du documentaire)
-La première partie du documentaire retrace, comme cela a déjà été fait à de nombreuses reprises, le parcours criminel de Christophe Rocancourt, aventure digne d'un film (ce n'est pas faute d'avoir essayé de la transposer sur grand écran) mettant en scène un Robin des bois des temps modernes flamboyant. C'est comme ça que le présentaient jusqu'ici les médias français. C'est plus vendeur qu'un minable escroc sans scrupule... Sans haine, ni violence et sans le moindre sou en poche, le petit frenchie va ainsi pendant des années coucher avec les plus belles femmes d'Hollywood en se faisant passer pour ce qu'il n'est pas et mener la vie de château en escroquant ceux qu'il côtoie.
L'approche de l'arnaqueur consiste essentiellement à balancer sans sourciller un énorme mensonge à des mecs friqués un peu naïfs (l'aplomb est l'atout phare des bons menteurs, plus c'est gros, plus ça passe), puis à flamber "énormément" de thune lors d'une soirée pour gagner en crédibilité. À ce moment-là, le poisson est ferré, il n'y plus qu'à remonter la ligne et attendre le retour sur investissement...
Rocancourt raconte ainsi lui-même son histoire, de sa jeunesse à son incarcération, tout cela en n'omettant évidemment pas de se donner le beau rôle, un rôle tout droit sorti d'un film de Scorsese... Du déjà vu, me direz-vous, sauf que l'originalité, ici, c'est qu'on a aussi droit à la version de certaines victimes et protagonistes de l'affaire, un peu comme ce qui a été fait dans "Moi, Tonya" en 2017... Et comme dans le long métrage susnommé, c'est à ce moment-là que les contradictions ébranlant le mythe font surface.
À commencer par son image de Robin des bois: Rocancourt n'a pas fait qu'escroquer des types plein d'oseille: tout ce qui est passé à sa portée était bon à prendre.
-La deuxième partie, plus dispensable pour ceux ayant des prédispositions à l'empathie et des facilités à comprendre les motivations derrière un acte, met en évidence l'analyse psychologique de l'individu : le masque tombe, on y dépeint le portrait d'un être minable, mythomane, égocentrique, inculte et pathétique, doué pour se faire des amis, et encore plus doué pour les planter quand ils lui tournent le dos ou quand ils lui viennent en aide. Tous ceux qui lui ont tendu la main ou qui lui ont aveuglément fait confiance se sont fait enfler à un moment ou à un autre, sans exception. Il ne serait de ce fait pas bien difficile de le classer dans la catégorie des psychopathes narcissiques.
Bref, de tout temps, des enflures de cet acabit, qui vendraient père et mère pour un twix et un Kinder Bueno gratos ou pour se taper la femme du voisin, ont existé. La Fontaine écrivait au XVIIè siècle Le corbeau et le renard, fable on ne peut plus d'actualité au XXIème siècle, époque où l'être est moins important que le paraître sur les réseaux sociaux. Les proverbes mettant en garde les gens avec un bon fond, les "bonnes poires" comme on les appelle, ne manquent pas. Ça va du "Trop bon, trop con" ou "Tout ce qui brille n'est pas d'or" chez nous au "Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me" Outre-Atlantique. Je finirai donc cette critique sur un "Les bons comptes font les bons amis" des mieux sentis. À bon entendeur.