Sur le papier, In Hell a beaucoup de qualité. Si je devais n'en retenir qu'une seule, ce serait que pour une fois, nous avons droit non pas à un film de JCVD, mais à un film avec JCVD. La différence est subtile, mais importante à noter. En effet, l'acteur - à l'image de Sylvester Stallone - a tendance à cannibaliser ses projets, et à éclipser les réalisateurs ; un paradoxe dans la mesure où il alla chercher lui-même des cinéastes hongkongais, perclus de talent, mais qui ne purent pas imposer leur personnalité car ne possédant alors aucune crédibilité à Hollywood. Ringo Lam, après plusieurs collaborations avec la star, change enfin la donne. Ici, pas de héros qui apprend les arts martiaux auprès d'un vieux maitre asiatique, de grand écart entre deux chaises, de remake de Bloodsport, ni même de high-kick-dans-ta-face. In Hell est un film de Ringo Lam avant tout, avec une esthétique sombre et sordide, un JCVD dévasté - presque méconnaissable - et des combats proches du pugilat.
Outre cette identité, le film bénéficie d'une des meilleures prestations de l'acteur, d'une direction artistique digne de ce nom, et surtout d'un bon gros casting de gueules, de Paulo Torcha à Lawrence Taylor, en passant par Robert LaSardo (que nous retrouverons quelques années plus tard dans un Death Race étrangement similaire).
Là où In Hell convainc moins, c'est d'abord dans une entame des plus convenues, déjà vue de nombreuses fois, dans laquelle le brave héros se retrouve bien malgré lui en prison. Bon, là, il le mérite quand même un petit peu. Cela a beau être nécessaire, cette séquence s'avère inutilement longue : c'est bon, nous savons comment cela va se finir, il aurait été possible de passer tous ces détails. Résultat, il faudra plus de 30 minutes pour enfin voir un bourre-pif (je mets sciemment de côté l'introduction).
Surtout, il faut faire un choix : regarder le film pour JCVD ou pour Ringo Lam. Je préfère le premier, j'ai eu le second. Je sais, ce reproche peut paraitre contradictoire par rapport à l'entame de cette chronique, pourtant elle est parfaitement justifiée. Je peux tout-à-fait admirer la prouesse que représente la main-mise du réalisateur sur l’œuvre, ainsi que ses parti-pris esthétiques, mais cela ne signifie pas que j'apprécie le travail de Ringo Lam pour autant. Or, sa violence ultra-réaliste, son atmosphère carcérale morbide à souhait, sa musique larmoyante, et la narration d'un Lawrence Taylor futur gourou de sa propre secte, tout cela ne me parle absolument pas. In Hell regorge d'images coup-de-poing et de passages impressionnants, et met en scène un JCVD d'abord pitoyable puis carrément flippant, ce qui suffit à en faire une curiosité des plus recommandables ; mais sur de nombreux points, ce n'est pas ma came. Aussi kitsch qu'il puisse paraitre aujourd'hui, Bloodsport me parle beaucoup plus.