La défense d’un territoire unique au monde (riche de 167 langues) est au cœur du nouveau documentaire du réalisateur, toujours absent – autant physiquement que dans la parole – de ses films. Récit d’hommes et de femmes, enfants et personnes âgées qui discutent et parlent d’un système ultra-capitaliste contre lequel ils essaient de lutter car il corromps petit à petit le quartier dans lequel ils vivent. Trois heures durant, les stratégies s’établissent dans ce lieu presque coupé du monde, possédant son propre rythme et une harmonie que Manhattan, non loin, essaie de mettre à mal. Les grandes enseignes mondiales vampirisent le décor, et la politique discriminatoire du pays tente par tous les moyens de garder immigrés et homosexuels en dehors du système. En cela, et à l’heure d’une probable ère Trump aux États-Unis, Wiseman parvient à exprimer l’ensemble d’une cause à travers un simple quartier. On peut lui reprocher de seulement s’attacher à la cause latino, aux personnes « à problème » plutôt qu’à ceux déjà pleinement établis dans le quartier, mais cela n’empêche pas le combat d’être exprimé à travers tous ces témoignages face caméra.